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François organise de nouveau la rencontre avec des gens de toutes les religions que Jean-Paul II avait inaugurée il y a trente ans. Mais les objections de celui qui était alors le cardinal préfet de la doctrine existent toujours. Et elles sont encore plus radicales.
ROME, le 18 septembre 2016 – La mémorable rencontre entre Jean-Paul II et des gens de toutes les religions (photo ci-dessus), qui eut lieu à Assise il y a trente ans, fut peut-être le seul moment de désaccord entre le saint (1) pape polonais et celui qui était alors son très fiable maître de doctrine, le cardinal Joseph Ratzinger, qui ne fit même pas le déplacement (2).
C’est Ratzinger lui-même qui rappelle ce fait dans son livre d’entretiens publié ces jours-ci : « Il savait – affirme-t-il – que je suivais une autre ligne ».
Cependant, maintenant que le pape François, leur successeur à tous les deux, est sur le point de renouveler cet événement à Assise, le 20 septembre, le contraste apparaît encore plus fort.
Un dialogue paritaire entre les religions – Ratzinger a en effet lancé cet avertissement à plusieurs reprises, y compris depuis qu’il a renoncé au souverain pontificat – serait « mortel pour la foi chrétienne« . Parce que chaque religion « serait réduite à n’être qu’un symbole interchangeable » d’un Dieu supposé identique pour toutes. (3)
Bien entendu, Jorge Mario Bergoglio ne se reconnaît pas dans ce type de dialogue paritaire, de même qu’il n’a jamais pensé que l’Église catholique devait renoncer à prêcher l’Évangile à chaque être humain.
Toutefois certains de ses gestes et de ses propos ont effectivement servi de point d’appui à de telles dérives, à commencer par sa définition du prosélytisme comme « une solennelle sottise », sans qu’il ait jamais indiqué en quoi celui-ci se différenciait de l’authentique mission. Il y a un assez grand nombre de missionnaires de terrain qui, ayant passé toute leur vie à prêcher et à baptiser, ont aujourd’hui comme l’impression d’être trahis au nom d’un dialogue qui rend inutile toute conversion.
Avec les autres chrétiens aussi, qu’ils soient protestants ou orthodoxes, François se comporte autrement que ses prédécesseurs.
Par exemple, alors que Benoît XVI encourageait et facilitait le retour dans l’Église catholique de ceux des anglicans qui étaient en désaccord avec le virage « libéral » pris par leur Église, François ne le fait pas. Il préfère qu’ils restent au sein de leur Église, comme l’ont révélé deux évêques anglicans de ses amis, Gregory Venables et Tony Palmer, qu’il a dissuadés de se faire catholiques. (4)
Mais c’est surtout une courte vidéo diffusée très largement, en dix langues, au mois de janvier de cette année, qui a le plus donné à penser qu’il cédait au syncrétisme, à la mise à égalité de toutes les religions.(5)
Dans cette vidéo, François invite les hommes de toutes croyances à prier ensemble, par amour de la paix. Et en effet on voit apparaître, en plus du pape, une bouddhiste, un juif, un musulman, chacun avec ses symboles, tous présentés sur un pied d’égalité. Le pape affirme : « Beaucoup de gens cherchent Dieu ou trouvent Dieu de différentes manières. Dans cette vaste gamme de religions, il y a une seule certitude pour nous : c’est que nous sommes tous des enfants de Dieu ».
De belles paroles, effectivement. Mais elles ne coïncident pas avec celles du Nouveau Testament, en particulier avec celles de l’Évangile de Jean selon lesquelles tous les êtres humains sont des créatures de Dieu, mais seuls ceux qui croient en Jésus-Christ deviennent ses « enfants ».
À Assise, le 20 septembre, François se retrouvera de nouveau à côté de bouddhistes, de juifs, de musulmans, et d’autres encore. Et on peut prévoir que son langage sera plus contrôlé que celui qu’il a tenu sur la vidéo.
Cependant il y a un impact des images qu’il sera difficile de contrôler et de rationaliser. C’est ce que beaucoup de gens ont valorisé, depuis 1986, sous le nom d’ »esprit d’Assise », une expression que Ratzinger, en tant que cardinal puis en tant que pape, s’est toujours efforcé, mais sans succès, de désamorcer afin qu’elle ne soit pas comprise dans le sens que lui donnent beaucoup de gens, c’est-à-dire un sens « syncrétiste » et « relativiste ». (6)
Par conséquent Assise est le lieu où va se produire à nouveau, avec une grande intensité dramatique, la véritable tempête qui avait secoué l’Église catholique pendant l’été 2000, lorsque la congrégation pour la doctrine de la foi, présidée par Ratzinger, avait publié la très contestée déclaration « Dominus Jesus » précisément pour s’opposer à l’idée que toutes les religions sont égales et pour rappeler, au contraire, qu’il n’y a qu’une seule voie de salut pour toute l’humanité : Jésus.
Jamais, en deux millénaires, l’Église n’avait ressenti la nécessité de rappeler cette vérité élémentaire de la foi chrétienne.
« Qu’il ait fallu la rappeler de nos jours nous fait mesurer la gravité de la situation actuelle« , avertissait un cardinal nommé Giacomo Biffi à la veille du conclave de 2005, celui où Ratzinger fut élu pape.
Sandro Magister
Source : La Porte Latine du 20 septembre 2016
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