De François à Scalfari : « Ne vous convertissez pas ». « Entre révolutionnaires on se comprend bien »

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Source : http://benoit-et-moi.fr

25 janvier 2016
G. Nardi
Original en allemand: www.katholisches.info
Traduction d’Isabelle

Eugenio Scalfari, fondateur et ancien rédacteur en chef de La Repubblica, seul journal que lit quotidiennement le pape François, ainsi qu’il l’a lui-même déclaré, persiste et signe: les divorcés remariés seront à nouveau admis aux sacrements. C’est ce qu’a écrit, dimanche dernier dans son article, cet athée déclaré, issu d’une famille d’antique tradition franc-maçonne et doyen du journalisme de gauche en Italie.
A la faveur de quelques interviews, fort controversées, qu’il a pu faire du pape François, Scalfari s’est créé une auréole d’« ami laïc du pape » et même de « voix laïque du pape » . Depuis la première page de La Repubblica, Scalfari a annoncé comment le pape François voulait « changer » l’Église : « Le pape François : Ainsi je changerai l’Église », titrait-il le 1er octobre 2013, quand était imprimée la première des interviews que Scalfari a faites du pape.

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L’article de Scalfari : « Les divorcés remariés seront admis à la communion »
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Le 1er novembre 2015, quelques jours après la clôture du houleux synode sur la famille, Scalfari écrit que le pape l’a appelé et lui a annoncé : «Tous les divorcés remariés pourront recevoir la communion ». C’est sur cette lancée que poursuit son article du 24 janvier.
Il y prend, entre autres, position sur l’attitude de l’Eglise à l’égard du « mariage-homo » et explique à ses lecteurs pourquoi le pape François n’a pu imposer aussi vite l’entièreté de son programme :

« Naturellement, François doit, comme ce fut déjà le cas lors de la discussion synodale sur le thème des divorcés remariés qui souhaitent être à nouveau admis aux sacrements, chercher de (provisoires) solutions de compromis, pour préserver l’unité de l’Église synodale. Sur le thème des sacrements pour les divorcés remariés, le compromis consistait à reporter la décision de recevoir ou non la requête, sur les évêques et les confesseurs mandatés par eux. De cette manière, on ouvrait à moitié la porte de la réadmission, au cas par cas. Il est cependant toujours possible, pour ceux qui le désirent, — dans le cas où ils recevraient du confesseur un avis négatif –, d’introduire à nouveau une requête après un certain temps de pénitence. Il est tout autant possible, bien plus, il est même certain, que cette deuxième requête sera honorée.

A ce stade, comme nous le savons, la tension entre le pape et la curie a atteint son paroxysme ; cela signifie que François doit tenir ensemble la majorité la plus forte possible de l’épiscopat qui privilégie l’action pastorale et, de cette manière, représente l’Église missionnaire voulue par François. Cela explique largement le compromis en matière de mariage et d’unions civiles ».

C’est en ces termes que Scalfari s’exprime dans son article du 24 janvier où l’athée qu’il est s’intéresse de manière étonnamment précise à l’Église catholique, ses sacrements et l’accès à ceux-ci.

L’attitude ambivalente du Vatican : un démenti du bout des lèvres
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Scalfari entretient le cliché du « bon » pape, empêché de mener à bien son programme de gouvernement, par une «méchante» curie, parce qu’il doit user de ménagements pour ne pas mettre en danger l’unité de l’Église. Ainsi, Scalfari explique-t-il au public que, dans l’Église aussi, il faut d’abord trouver des majorités et qu’on ne peut avancer que pas à pas. On remarque en plus l’accent qu’il met sur «l’Église synodale», qu’il désigne comme «nouvelle Eglise».

Le pape François a accordé à Scalfari plusieurs entretiens dont le fondateur de la Repubblica a rendu compte, selon ses propres dires, de manière très libre. On parle depuis lors d’un « magistère Scalfari ». Les réactions à ces propos ont été ambivalentes. D’un côté, le service du presse du Vatican dément chaque fois par après la teneur de l’article sans donner de réel éclaircissement ; de l’autre, le pape François poursuit les entretiens. Les interviews controversées ont même été reprises dans un recueil d’interviews pontificales édité par la maison d’édition du Vatican. Cela ne ressemble pas vraiment à une véritable distanciation.

Anecdotes de Scalfari et de Benigni : « Entre révolutionnaires on se comprend bien »
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Eugénio Scalfari entre-temps, se réjouit d’avoir un « excellent feeling » avec le pape, comme il l’a dit lors de la fête du quarantième anniversaire de la fondation de La Repubblica, célébrée le 14 janvier dernier. A cette occasion, Scalfari a raconté que le pape lui avait demandé de « ne pas se convertir » car il ne saurait pas, dans ce cas, trouver un autre incroyant avec qui converser pour trouver de nouveaux stimulants. « Amusement et applaudissements du public » : ainsi La Notizia a-t-elle décrit la scène.

Scalfari était, comme invité d’honneur, présent au premier rang lors de la présentation du livre d’entretiens entre le pape François et Andrea Tornielli. La présentation dut sa réussite à l’acteur et comique Roberto Benigni, très aimé en Italie, qui assura les marques d’appréciation et de sympathie (*). S’exprimant à sa manière burlesque habituelle, Benigni dit qu’il « aimait très, très fort » ce pape et « qu’on ne pouvait pas parler de lui d’une manière modérée : ou bien on en disait du bien ou bien on n’en parlait pas » ; et de poursuivre : « Le pape François est un révolutionnaire, comme l’a dit Eugenio Scalfari, qui est lui aussi un révolutionnaire. Entre révolutionnaires, on se comprend bien ».

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