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Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit Ainsi soit-il
Excellences, chers Messieurs les abbés, séminaristes, frères, soeurs, chers pèlerins,
Fatima fait peur. Notre-Dame, messagère du Ciel, vient parler à trois petits pastoureaux. Elle n’hésite pas, elle notre bonne Mère du Ciel, si douce, si tendre, dans cette psychologie céleste, dans cette pédagogie du Ciel, elle n’hésite pas un instant à faire voir à ces petits enfants l’enfer, cette réalité qui exprime le destin d’un nombre incalculable d’êtres humains, la damnation éternelle. Comme nous disons, une réalité terrifiante et, manifestement cet enfer n’est pas vide. C’est la conséquence d’une vie humaine qui ne répond pas aux exigences de Dieu, résumées dans les Commandements de Dieu.
Fatima fait peur lorsque l’on regarde les conséquences du péché ici-bas. La guerre fait peur. Notre-Dame n’hésite pas à annoncer : « si le monde ne se convertit pas, il y aura une autre guerre plus terrible que la première », la première guerre mondiale. Elle n’hésite pas à révéler à ces enfants que des nations entières seront anéanties ; on peut réfléchir au sens de de ce mot. Manifestement, la Sainte Vierge ne parle pas au figuré. Des nations entières seront rayées de la carte du monde. Et c’est très très clair dans ce message de Fatima, que ces maux sont la conséquence du péché.
Il n’est pas difficile, il n’est pas besoin d’être un savant en calculs scientifiques ou en théologie pour comparer, comparer la situation du monde, des nations, des nations catholiques en 1917, que la conséquence de ce comportement de ce monde d’alors qui lui vaut une deuxième guerre mondiale, de comparer cette situation avec la nôtre, cent ans plus tard. Est-ce que le monde s’est converti ? Est-ce que les états émettent des lois plus conformes aux Commandements de Dieu ? Et vous pensez que ça va bien se passer ? Oui, ça fait peur et on a raison d’avoir peur.
De fait, regardez l’Evangile. L’une des réalités dont Notre-Seigneur a le plus parlé dans l’Evangile, eh bien, c’est l’enfer. C’est ainsi. C’est Notre-Seigneur qui a dit qu’il y avait une voie large et que beaucoup de monde s’y engouffrait. C’est le chemin facile. C’est ceux qui prônent ici-bas le plaisir, la jouissance, et Notre-Seigneur prédit pour ceux-là la perdition. Il insiste pour nous dire que le chemin du Ciel – car il y a un Ciel – est un chemin ardu, caillouteux et peu en trouvent l’entrée, l’entrée de ce chemin.
Et cette crainte, mes bien chers frères, c’est une crainte salutaire. C’est encore l’Ecriture Sainte qui nous dit que la crainte de Dieu, c’est le commencement de la sagesse. C’est encore Dieu qui parle par la bouche de saint Paul et qui nous dit qu’il faut opérer son salut avec crainte et tremblements. Et ceux qui aujourd’hui, hommes d’Eglise, prétendent tranquilliser les consciences, prétendent ouvrir des chemins qui n’existent pas, eh bien, très certainement, ils n’accomplissent pas leur devoir. Ils méritent le titre d’assassins des âmes.
Et Fatima, c’est un message d’espérance. Souvenez-vous que l’espérance a un objet, et cet objet c’est un objet futur, possible, difficile. On n’a pas d’espérance sur un objet facile à atteindre. Il est difficile, et le chemin de l’homme sur terre est difficile, mais il est possible. Il est possible quand Dieu s’y met. Et Dieu nous envoie sa Mère, le coeur de sa Mère comme moyen de salut. Mais si effectivement la peur est une chose imparfaite, elle correspond assez précisément à l’état de la créature déchue. Un état drôlement imparfait, c’est le nôtre. Un être enclin au péché. Si on laisse notre nature déchue faire son travail, elle nous tire vers le péché. C’est pour cela que nous avons besoin de cette peur salutaire. Cette peur c’est elle qui nous fait nous tourner vers le bon Dieu, et demander son secours, et répondre comme il faut à cette main tendue du Ciel. Ceux qui pratiqueront cette dévotion, cette dévotion voulue par Dieu – mon Fils veut introduire dans le monde la dévotion à mon Coeur immaculé – ceux qui pratiqueront cette dévotion seront sauvés. Il n’y a même plus le conditionnel. Ceux qui pratiqueront cette dévotion seront sauvés.
Voilà notre espérance, une espérance toute tournée vers le Ciel, toute tournée vers Dieu qui nous donne le Coeur de sa Mère.
Dernier point de cette homélie pour ne pas faire trop long, c’est déjà assez long, mais peut-être le plus important.
Notre-Dame nous présente cette dévotion au Coeur immaculé en nous disant que – elle l’a dit à soeur Lucie – « mon Coeur sera ton refuge et le chemin qui conduit à Dieu ». Il faut donc que nous travaillions à rendre ce coeur maternel notre refuge. Et donc il faut que nous nous y réfugions. De son côté, elle nous l’offre ce Coeur, elle nous l’ouvre. A nous d’y entrer, à nous de pratiquer cette dévotion de l’enfant envers sa mère, avec toute la confiance que l’on peut y trouver, avec toute l’attente de cette protection maternelle, de cette guide. Non seulement, elle sera notre refuge, elle sera le chemin qui nous conduit à Dieu. C’est une promesse d’une espèce de laissez-passer d’un chemin, d’un canal à travers ce monde infernal.
Nous sommes protégés d’une manière spéciale par le Coeur de Marie. Dévotion que Dieu veut donner au monde d’aujourd’hui comme moyen de salut. Comprenons donc les mots du Ciel Prenons-les au sérieux. Ne pratiquons pas cette dévotion d’une manière trop superficielle. Il y a des actes qui nous sont demandés comme les cinq premiers samedis du mois, très bien, faisons-le, mais pas d’une manière machinale ou automatique. Comme pour dire eh bien voilà, j’ai fait mes cinq premiers samedis, donc tout est en ordre maintenant, je continue ma vie. Non, ce n’est pas ça que veut le Ciel. Le Ciel nous invite à rentrer dans une véritable relation personnelle avec ce Coeur immaculé. Quand on nous parle d’enfance spirituelle, c’est une chose à réaliser le plus possible. Ça doit prendre toute notre vie. Lorsqu’elle nous parle de consécration, elle nous parle de la consécration de la Russie d’une manière très précise. Consacrer, cela veut dire donner, dédier entièrement. On perd la possession. La possession est transmise à la personne à qui on consacre. Et lorsqu’elle demande au souverain pontife de consacrer la Russie, elle demande donc au représentant de Notre-Seigneur sur la terre, de lui dédier d’une manière particulière, de par les pouvoirs qu’il a reçus de Notre-Seigneur Lui-même, comme son représentant sur la terre, muni des pouvoirs qu’il faut pour cela, et c’est lui seul qui les a, eh bien, elle lui demande qu’il lui dédie ce pays. Montrant par là un amour sans aucun doute privilégié pour ce pays qui s’est éloigné de l’Eglise il y a déjà si longtemps.
Et soeur Lucie était très formelle, cet acte qui est en fait un acte tout simple – qu’est-ce que cela peut coûter au pape de le faire, et de le faire selon les demandes de la Très Sainte Vierge ? – elle est formelle soeur Lucie, cela va produire en un instant la conversion de la Russie. Conversion, c’est un mot très précis qui veut dire que la Russie va redevenir catholique. Vouloir prétendre à une conversion sans cet élément-là, c’est se moquer du monde.
Eh oui, Dieu est tout-puissant. Il a comme remis dans les mains de sa Mère cette puissance, cette puissance de grâces, capable de faire des miracles, pas seulement celui du soleil mais un miracle de grâces encore plus stupéfiant, la conversion d’un pays entier à cause d’une simple consécration faite par le Saint-Père, auquel sont unis les évêques du monde entier. Ce pays à ce moment-là est donné à la Sainte Vierge.
Cette idée de consécration, il faut aussi l’appliquer à nous-même, à chacun d’entre nous. Il ne nous est pas défendu, au contraire, nous sommes invités à vivre d’une certaine même plutôt parfaite pourquoi pas, consécration à la Sainte Vierge. On peut dire c’est le plus parfait de cette dévotion au Coeur immaculé. La Sainte Vierge veut vraiment être pas seulement un manteau qui nous couvre, elle veut être notre refuge. On rentre dans un refuge, on y habite et ce même refuge nous conduit à Dieu, nous conduit au Ciel. C’est notre manière pour répondre comme nous pouvons, selon nos pauvres moyens, à ces appels du Ciel.
A la fin de cette Messe, nous allons nous tourner vers la Très Sainte Vierge Marie et renouveler d’une manière on peut dire anticipée ce que Mgr Lefebvre il y a déjà trente ans ici-même, avait fait, une protestation que de notre côté, nous voulons tant qu’il est en nous, et nous savons bien nos limites, consacrer ce pays comme elle l’a demandé. Nous savons bien que cela ne suffit pas mais si cela pouvait obtenir des grâces à celui qui doit la faire, eh bien, bien volontiers.
En même temps, nous lui offrirons toute cette croisade, tous ces fruits de prières et là aussi, permettez-moi de vous dire, ne dites pas, maintenant la croisade c’est fini, donc on arrête... Si nous avons demandé de prier tant et tant de chapelets, de vivre dans cette vie de sacrifices, c’est pour que cela continue. Si officiellement la croisade s’arrête, votre pratique, elle, n’est pas censée s’arrêter. C’est bien Notre Dame qui demandait et cette pénitence et la prière du Rosaire.
Soyons donc fidèles à ses paroles. La Sainte Vierge, nous appelons de tout notre coeur son triomphe qui viendra quand Dieu voudra, comme il voudra ; il viendra.
Amen.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Mgr Bernard Fellay
Source : La Porte Latine du 22 août 2017
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