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A l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du Dies natalis de Mgr Marcel Lefebvre, fondateur de la FSSPX, Mgr Bernard Tissier de Mallerais, évêque auxiliaire de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, a bien voulu répondre aux questions que nous lui avons posées.
Mgr Tissier de Mallerais, vous êtes l’un des premiers parmi nous à avoir connu et suivi Monseigneur Lefebvre. De plus, vous êtes son biographe. Que vous évoque Monseigneur Lefebvre 25 ans après sa mort ? Quel fut son grand « mot d’ordre » ?
Mgr Tissier de Mallerais – Le nom de Monseigneur Lefebvre évoque à ma mémoire l’homme doux et humble de cœur et à la fois le prélat fort et violent, de cette violence dont le Seigneur dit que ceux qui l’ont s’emparent du Royaume des cieux. Son mot d’ordre fut sans nul doute sa devise épiscopale « Credidimus caritati » : « Nous avons cru en l’amour. » Il voulait dire avec saint Jean : « Nous avons reconnu l’amour de Dieu pour nous et nous y avons cru » (1 Jn 4, 16), ou encore avec l’‘Adeste Fideles’ de Noël. « Sic nos amantem, quis non redamaret ! » ce qui signifie : « Celui qui nous a tant aimés, qui ne l’aimerait de retour ? »
Toute sa vie a donc été une question de donner ou de rendre à Dieu amour pour amour : depuis sa vocation sacerdotale à 17 ans jusqu’à sa mort comme excommunié. Le cardinal Oddi, qui le connaissait, disait de lui : « Il a trop aimé l’Eglise ! », c’est-à-dire : il a poussé l’amour de l’Eglise et de Notre Seigneur à l’extrême en s’exposant aux censures ecclésiastiques les plus graves, suspense et excommunication, pour sauver le sacerdoce et la permenence du saint sacrifice de la messe dans l’Eglise. Il a suivi son divin Maître : « Propter nimiam caritatem qua dilexit nos Deus… » : « A cause de la charité excessive par laquelle il nous a aimés, Dieu… » (Antienne des Vêpres du 1er janvier).
Pouvez-vous nous rappeler l’héritage qu’il a reçu, jeune séminariste à Rome ?
Mgr Tissier de Mallerais – C’est simple : l’amour du pape et de l’Eglise. Les papes vus dans le continuité remarquable de leurs enseignements en matière politique et sociale, depuis Grégoire XVI, Pie IX, jusqu’à saint Pie X et Pie XI. Ce qu’ils ont enseigné durant un siècle et demi contre les erreurs du libéralisme et du madernisme. Au collège de Tourcoing, il n’avait pas saisi la malice de ces erreurs et le rôle capital de ces papes pour préserver l’Eglise de leur fléau et maintenir la foi en la royauté sociale de Notre SeigneurJésus-Christ.
Rue Santa Chiara, sous le direction du père Henri Le Floch, directeur du Séminaire français de Rome, Marcel lefebvre fit sa conversion intellectuelle : « Ce fut pour moi une révélation totale. J’ai compris que j’étais dans l’erreur. Par exemle je pensais qu’il était très bien de l’Etat fût séparé de l’Eglise. J’étais libéral ! Au séminaire, j’ai compris qu’il me fallait réformer mes idées, à la lumière de ces magnifiques encycliques des papes. Cela nous a montré comment il fallait juger l’histoire. Et du coup, ça nous est resté !Tout doucement naissait en nous le désir de conformer notre pensée, notre jugement sur les événements, à le pensée de l’Eglise. Mais ça nous a lancés. Le père Le Floch nous disait : “En entrant au Séminaire, ici à Santa Chiara, vous entrez dans l’histoire de l’Eglise.“ C’est bien cela : Il nous a fait vivre et entrer dans l’histoire de l’Eglise, c’est-à-dire dans ce combat contre les forces perverses luttant contre Notre Seigneur Jésus-christ. Cela nous a mobilisés, oui, mobilisés, contre ce funeste libéralisme, contre la Révolution et les puissances du mal à l’œuvre pour renverser l’Eglise, le Règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, les Etats catholiques, le chrétienté tout entière. »
L’encylique inaugurale E supremi apostolatus de saint Pie X et la devise pontificale du saint pape : « Omnia instaurare in Christo » ou « Tout récapituler, tout restaurer dans le Christ » l’avait particulièrement enthousiasmé. Comme beaucoup de ses condisciples, il se sentit, je dirais harponné, non pas tant par le thomisme et la théologie qu’il recevait à l’Université grégorienne et qui faisait les délices d’esprits plus séculatifs, comme celui d’un Victor Alain Berto, mais pour le combat pour le Christ Roi et Prêtre. Puisque Son règne, individuel dans les âmes et social dans le chrétienté, est le fruit de sa croix : « Regnavit a ligno Deus », chantons-nous dans le Vexilla Regis du temps de la Passion : « Dieu règne par le bois, par le bois de sa Croix ; et donc par la Messe, qui est la réactualisation sacramentelle du sacrifice du Calvaire et qui distribue le trésor des mérites du Rédempteur. Voilà l’héritage reçu par Marcel Lefebvre à Santa Chiara, héritage qu’il était résolu de ransmettre coûte que coûte en s’engageant lui aussi dans le combat des papes quand Dieu voudrait. Il était un prêtre préparé.
Comment comprendre la lutte future de Mgr Lefebvre contre deux papes ?
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