Premier dimanche de la Passion – « Ils prirent des pierres pour les lui jeter, mais Jésus se cacha et sortit du Temple »
La station fixée en ce jour au Vatican est comme le dernier souvenir de la Pannuchis qui, du temps du pape Gélase, se célébrait cette nuit près de la tombe du prince des Apôtres, avant qu’on procédât aux ordinations des prêtres et des diacres romains.
« Hódie, si vocem Dómini audiéritis, nolíte obduráre corda vestra ». « Aujourd’hui si vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas vos cœurs ». La Sainte Église débute aujourd’hui, à l’Office de la nuit, par ces graves paroles du Roi-Prophète. Autrefois les fidèles se faisaient un devoir d’assister au service nocturne, au moins les jours de Dimanches et de Fêtes ; ils tenaient à ne rien perdre des profonds enseignements que donne la sainte Liturgie. Mais, depuis bien des siècles, la maison de Dieu n’a plus été fréquentée avec cette assiduité qui faisait la joie de nos pères ; et peu à peu le clergé a cessé de célébrer publiquement des offices qui n’étaient plus suivis. Hors des Chapitres et des Monastères, on n’entend plus retentir l’ensemble si harmonieux de la louange divine ; et les merveilles de la Liturgie ne sont plus connues du peuple chrétien que d’une manière incomplète. C’est pour nous une raison de présenter à l’attention de nos lecteurs certains traits des divins Offices, qui autrement seraient pour eux comme s’ils n’existaient pas. Aujourd’hui, quoi de plus propre à les émouvoir que ce solennel avertissement que l’Église emprunte à David pour nous l’adresser, et qu’elle répétera chaque matin, jusqu’au jour de la Cène du Seigneur ? Pécheurs, nous dit-elle, en ce jour où commence à se faire entendre la voix plaintive du Rédempteur, ne soyez pas assez ennemis de vous-mêmes pour laisser vos cœurs dans l’endurcissement. Le Fils de Dieu s’apprête à vous donner la dernière et la plus vive marque de cet amour qui l’a porté à descendre du ciel ; sa mort est proche : on prépare le bois pour l’immolation du nouvel Isaac ; rentrez donc en vous-mêmes, et ne permettez pas que votre cœur, ému peut-être un instant, retourne à sa dureté ordinaire. Il y aurait à cela le plus grand des périls. Ces touchants anniversaires ont la vertu de renouveler les âmes dont la fidélité coopère à la grâce qui leur est offerte ; mais ils accroissent l’insensibilité chez ceux qui les voient passer, sans convertir leurs âmes. « Si donc aujourd’hui vous entendez la voix du Seigneur, n’endurcissez pas vos cœurs. »
Durant les semaines qui ont précédé, nous avons vu monter chaque jour la malice des ennemis du Sauveur. Sa présence, sa vue même les irrite, et l’on sent que cette haine concentrée n’attend que le moment d’éclater. La bonté, la douceur de Jésus continuent d’attirer à lui les âmes simples et droites ; en même temps que l’humilité de sa vie et l’inflexible pureté de sa doctrine repoussent de plus en plus le Juif superbe qui rêve un Messie conquérant, et le pharisien qui ne craint pas d’altérer la loi de Dieu, pour en faire l’instrument de ses passions. Cependant Jésus continue le cours de ses miracles ; ses discours sont empreints d’une énergie nouvelle ; ses prophéties menacent la ville et ce temple fameux dont il ne doit pas rester pierre sur pierre. Les docteurs de la loi devraient du moins réfléchir, examiner ces œuvres merveilleuses qui rendent un si éclatant témoignage au fils de David, et relire tant d’oracles divins accomplis en lui jusqu’à cette heure avec la plus complète fidélité. Hélas ! Ces prophétiques oracles, ils s’apprêtent à les accomplir eux-mêmes jusqu’au dernier iota. David et Isaïe n’ont pas prédit un trait des humiliations et des douleurs du Messie que ces hommes aveugles ne s’empresseront de réaliser. En eux s’accomplit donc cette terrible parole : « Celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle, ni dans le siècle futur. » La synagogue court à la malédiction. Obstinée dans son erreur, elle ne veut rien écouter, rien voir ; elle a faussé à plaisir son jugement : elle a éteint en elle la lumière de l’Esprit-Saint ; et on la verra descendre tous les degrés de l’aberration jusqu’à l’abîme. Lamentable spectacle que l’on retrouve encore trop souvent de nos jours, chez ces pécheurs qui, à force de résister à la lumière de Dieu, finissent par trouver un affreux repos dans les ténèbres !
Et ne soyons pas étonnés de rencontrer en d’autres hommes les traits que nous observons dans les coupables auteurs de l’effroyable drame qui va s’accomplir à Jérusalem. L’histoire de la Passion du Fils de Dieu nous fournira plus d’une leçon sur les tristes secrets du cœur humain et de ses passions. Il n’en saurait être autrement : car ce qui se passe à Jérusalem se renouvelle dans le cœur de l’homme pécheur. Ce cœur est un Calvaire sur lequel, selon l’expression de l’Apôtre, Jésus-Christ est trop souvent crucifié. Même ingratitude, même aveuglement, même fureur ; avec cette différence que le pécheur, quand il est éclairé des lumières de la foi, connaît celui qu’il crucifie, tandis que les Juifs, comme le dit encore saint Paul, ne connaissaient pas comme nous ce Roi de gloire que nous attachons à la croix. En suivant les récits évangéliques qui vont, jour par jour, être mis sous nos yeux, que notre indignation contre les Juifs se tourne donc aussi contre nous-mêmes et contre nos péchés. Pleurons sur les douleurs de notre victime, nous dont les fautes ont rendu nécessaire un tel sacrifice.
En ce moment, tout nous convie au deuil. Sur l’autel, la croix elle-même a disparu sous un voile sombre ; les images des Saints sont couvertes de linceuls ; l’Église est dans l’attente du plus grand des malheurs. Ce n’est plus de la pénitence de l’Homme-Dieu qu’elle nous entretient ; elle tremble à la pensée des périls dont il est environné. Nous allons lire tout à l’heure dans l’Évangile que le Fils de Dieu a été sur le point d’être lapidé comme un blasphémateur ; mais son heure n’était pas venue encore. Il a dû fuir et se cacher. C’est pour exprimer à nos yeux cette humiliation inouïe du Fils de Dieu que l’Église a voilé la croix. Un Dieu qui se cache pour éviter la colère des hommes ! Quel affreux renversement ! Est-ce faiblesse, ou crainte de la mort ? La pensée en serait un blasphème ; bientôt nous le verrons aller au-devant de ses ennemis. En ce moment, il se soustrait à la rage des Juifs, parce que tout ce qui a été prédit de lui ne s’est pas encore accompli. D’ailleurs ce n’est pas sous les coups de pierres qu’il doit expirer ; c’est sur l’arbre de malédiction, qui deviendra dès lors l’arbre de vie. Humilions-nous, en voyant le Créateur du ciel et de la terre réduit à se dérober aux regards des hommes, pour échapper à leur fureur.
Pensons à cette lamentable journée du premier crime, où Adam et Ève, coupables, se cachaient aussi, parce qu’ils se sentaient nus. Jésus est venu pour leur rendre l’assurance par le pardon : et voici qu’il se cache lui-même ; non parce qu’il est nu, lui qui est pour ses saints le vêtement de sainteté et d’immortalité ; mais parce qu’il s’est rendu faible, afin de nous rendre notre force. Nos premiers parents cherchaient à se soustraire aux regards de Dieu ; Jésus se cache aux yeux des hommes ; mais il n’en sera pas toujours ainsi. Le jour viendra où les pécheurs, devant qui il semble fuir aujourd’hui, imploreront les rochers et les montagnes, les suppliant de tomber sur eux et de les dérober à sa vue ; mais leur vœu sera stérile, et « ils verront le Fils de l’homme assis sur les nuées du ciel, dans une puissante et souveraine majesté » Ce dimanche est appelé Dimanche de la Passion, parce que l’Église commence aujourd’hui à s’occuper spécialement des souffrances du Rédempteur. On le nomme aussi Dimanche Judica, du premier mot de l’Introït de la messe ; enfin Dimanche de la Néoménie, c’est-à-dire de la nouvelle lune pascale, parce qu’il tombe toujours après la nouvelle lune qui sert à fixer la fête de Pâques. Dans l’Église grecque, ce Dimanche n’a pas d’autre nom que celui de cinquième Dimanche des saints jeûnes.
Sanctoral
Saint Patrice, Évêque et Confesseur
Saint Patrice naquit probablement près de Boulogne-sur-Mer; on croit qu’il était le neveu de saint Martin de Tours, du côté maternel. Quoi qu’il en soit, ses parents l’élevèrent dans une haute piété. Il avait seize ans, quand il fut enlevé par des brigands et conduit providentiellement dans le pays dont il devait être l’apôtre. Patrice profita des cinq ou six ans de sa dure captivité pour apprendre la langue et les usages de l’Irlande, tout en gardant des troupeaux. Un jour qu’il vaquait à ses occupations ordinaires, un ange lui apparut sous la forme d’un jeune homme, lui ordonnant de creuser la terre, et le jeune esclave y trouva l’argent nécessaire au rachat de sa liberté. Il passa alors en France sur un navire et se rendit au monastère de Marmoutier, où il se prépara, par l’étude, la mortification et la prière, à la mission d’évangéliser l’Irlande. Quelques années plus tard, il alla, en effet, se mettre, dans ce but, à la disposition du Pape, qui l’ordonna évêque et l’envoya dans l’île que son zèle allait bientôt transformer. Son apostolat fut une suite de merveilles. Le roi lutte en vain contre les progrès de l’Évangile; s’il lève son épée pour fendre la tête du Saint, sa main demeure paralysée; s’il envoie des émissaires pour l’assassiner dans ses courses apostoliques, Dieu le rend invisible, et il échappe à la mort; si on présente à Patrice une coupe empoisonnée, il la brise par le signe de la Croix.
La foi se répandait comme une flamme rapide dans ce pays, qui mérita plus tard d’être appelée l’île des saints. Patrice avait peu d’auxiliaires; il était l’âme de tout ce grand mouvement chrétien; il baptisait les convertis, guérissait les malades, prêchait sans cesse, visitait les rois pour les rendre favorables à son oeuvre, ne reculant devant aucune fatigue ni aucun péril. La prière était sa force; il y passait les nuits comme les jours. Dans la première partie de la nuit, il récitait cent psaumes et faisait en même temps deux cents génuflexions; dans la seconde partie de la nuit, il se plongeait dans l’eau glacée, le coeur, les yeux, les mains tournés vers le Ciel, jusqu’à ce qu’il eût fini les cinquante derniers psaumes. Il ne donnait au sommeil qu’un temps très court, étendu sur le rocher, avec une pierre pour oreiller, et couvert d’un cilice, pour macérer sa chair même en dormant. Est-il étonnant qu’au nom de la Sainte Trinité, il ait ressuscité trente-trois morts et fait tant d’autres prodiges? Saint Patrice mourut plus que nonagénaire, malgré ses effrayantes pénitences, en 464 dans la ville qui depuis lors porte son nom : Down-Patrick. Le 17 mars est une fête nationale en Irlande.
Bienheureux Marc de Montegallo, Prêtre, Premier ordre Franciscain
Le petit Marco naquit près d’Ascoli, à Montegallo, où la famille s’était retirée pour sortir des pénibles luttes de factions qui sévissaient dans la ville. Mais pour les études du garçon, on revint à Ascoli, puis Marco alla étudier à Pérouse et Bologne. Docteur en droit et en médecine, il exerça quelque temps à Ascoli et, par condescendance pour ses parents, se maria en 1451 avec une pieuse fille de la noblesse, Chiara de Tibaldeschi. La prochaine mort des parents leur rendit à tous deux leur liberté, car elle désirait en réalité entrer chez les Clarisses d’Ascoli, tandis que lui aspirait à l’idéal franciscain. Il entra donc au noviciat de Fabriano, chez les frères mineurs de l’Observance. Adonné à la prière, à la contemplation, à la pénitence, il égala bientôt les religieux les plus fervents. Devenu “gardien” (c’est-à-dire supérieur) du couvent de San Severino, il s’entendit dire par la sainte Vierge : “Marc, va annoncer aux hommes la charité !” Il prit donc son bâton de prédicateur, sur les conseils du confrère saint Jacques de la Marche (Giacomo da Monteprandone), qu’il imita aux côtés de saint Bernardino de Sienne et de saint Giovanni de Capestrano, dans l’évangélisation des masses.
Il parcourut les Marches, l’Italie entière, prêchant durant quarante ans dans les églises et sur les places publiques, pour faire régner la paix, l’union, le pardon des injures dans une société déchirée par les factions et les discordes. Il aurait bien souhaité aller travailler dans les contrées infidèles et affronter le martyre, mais Dieu se contenta de son désir et le conserva à l’Italie dont l’état déplorable réclamait aussi des apôtres. Il établit dans plusieurs villes des monts-de-piété, pour remédier aux misères des pauvres. L’usure était un fléau, les intérêts ruinaient les familles. Dans un écrit, Marco condamne l’usure comme une perversion, y associant autant celui qui demande que celui qui prête avec intérêt, puisque tous deux violent le commandement de Dieu d’aimer le prochain sans limite. De passage à Venise, Marc comprit l’importance que pouvait avoir l’imprimerie pour la diffusion de l’évangile. Il fit donc imprimer plusieurs ouvrages pour l’évangélisation. Lorsque Camerino fut ravagée par la peste, Marc s’y rendit et promit aux habitants la cessation du fléau, s’ils faisaient pénitence ; la ville se convertit et connut bientôt des jours meilleurs. Marc fut nommé provincial des Marches vers 1481, et eut à s’occuper de la bienheureuse Battista Varani, qu’il nomma au couvent des clarisses de Camerino. C’est à lui qu’elle adressa l’histoire écrite de son expérience spirituelle dans le Traité des douleurs mentales de Notre-Seigneur. Marc reprit bientôt sa mission itinérante. Il était à Vicence pendant le carême de 1496, quand on le vit rassembler ses petites affaires, comme pour partir. La nuit suivante, il fut pris d’une angine et annonça sa mort pour le samedi suivant, 19 mars. Sur son lit de mort, il se faisait lire la Passion de Notre-Seigneur, et rendit son âme au moment où on lisait : Et inclinato capite. Il avait soixante-dix ans.
Selon son désir, il aurait voulu être enseveli chez les Observantins, sans distinction au milieu de ses frères. Mais on le plaça dans l’église elle-même, où eurent lieu beaucoup de miracles. Plus tard, quand les Observantins transportèrent leur couvent de Saint-Blaise-le-Vieux à l’intérieur de Vicence, ils dédièrent au bienheureux Marc une chapelle de la nouvelle église et y placèrent ses restes. Grégoire XVI, en 1839, en confirma le culte.
Martyrologe
Dans la cité de Down, en Irlande, l’anniversaire de saint Patrice, évêque et confesseur. Il fut le premier à annoncer l’Évangile du Christ en cette île, et il s’y rendit célèbre par ses vertus et de très grands miracles.
A Jérusalem, saint Joseph d’Arimathie, noble décurion et disciple du Seigneur. Il détacha de la croix le corps de son Maître pour l’ensevelir dans le sépulcre qu’il s’était peu auparavant préparé à lui-même.
A Rome, les saints Alexandre et Théodore, martyrs.
A Alexandrie, la commémoraison de nombreux saints martyrs, qui furent arrêtés par les adorateurs de Sérapis. Comme ils refusaient énergiquement d’adorer cette idole, ils furent cruellement massacrés, au temps de l’empereur Théodose. Bientôt après, un rescrit de l’empereur ordonna la destruction du temple de Sérapis.
A Constantinople, saint Paul martyr, qui fut livré aux flammes pour sa défense du culte des saintes images, sous Constantin Copronyme.
A Chalon-sur-Saône, en France, saint Agricole évêque.
A Nivelle, en Brabant, sainte Gertrude vierge. D’une très illustre famille, elle méprisa le monde, et durant tout le cours de sa vie s’exerça à tous les devoirs de la sainteté; elle mérita ainsi d’avoir le Christ pour époux dans le ciel.
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