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Dom de Monléon, le Buisson ardent, et le Jubilé du Puy

L’Histoire Sainte écrite en 5 volumes par Dom Jean de Monléon, est un chef d’oeuvre de pureté, de clarté, et de profondeur catholique. Son second volume, consacré à Moïse, nous donne cette année, soixante ans après sa publication, une occasion nouvelle d’en constater les richesses.

Sa préface possède déjà toutes ces qualités : il y réfute brillamment, et avec humour, les partisans péremptoires et prétentieux de « l’exégèse contemporaine » qui attaquèrent, deux ans après sa parution, son premier volume sur les Patriarches. L’auteur montre que leurs propres jugements trahissent leurs vues étroites et leur ignorance : méconnaissance de la patristique, de ses fondements, du véritable contenu de la lettre encyclique de Pie XII Divino Afflante Spiritu qu’ils tentent d’utiliser perfidement, et enfin ignorance des sens spirituels (allégorique, moral, anagogique) selon la doctrine commune de l’Eglise, tels que Saint Thomas d’Aquin les a formulés dans la Somme Théologique et que ces critiques réduisent au sens « accommodatice » ( signification « extrinsèque et adventice » dixit Divino Afflante Spiritu) sur le statut duquel, au demeurant, ils se méprennent : ce sens n’est pas prohibé, mais légitime avec « modération et sobriété ».

Le chapitre IV, consacré au Buisson ardent, est un éminent exemple de ce que peuvent apporter ces interprétations traditionnelles divinement  inspirées et reconnues comme telles par l’Eglise, étant, selon Dom de Monléon lui-même, dans son commentaire moral et mystique : « l’un des passages de l’Ancien Testament où il est le plus facile de saisir les différents sens mystiques qui viennent se greffer sur un même fait historique, et l’harmonie qui les unit ensemble malgré leur diversité. »

Nous nous contenterons ici de considérer, parmi eux, le sens allégorique, parce que, comme nous le verrons, un événement lui apporte cette année un écho étonnant. Lisons encore notre auteur  :

« Le Buisson Ardent dans lequel la divinité s’est révélée à Moïse, représente le mystère de l’Incarnation, dans lequel Dieu s’est manifesté au monde : « que voulait faire entendre Dieu » dit saint Grégoire, « en parlant à Moïse du milieu d’un Buisson ardent ? Sinon que (de son peuple) sortirait un jour un homme qui, dans le feu de la divinité, sentirait les douleurs de notre chair, ainsi que les pointes d’un buisson d’épines, et qui, parmi les flammes dévorantes de sa nature divine, conserverait la nature humaine sans qu’elle fût consumée ni détruite. » Déjà, au temps des grandes hérésies christologiques, les Pères s’étaient servis de cette interprétation pour affirmer « l’inconfusibilité » des deux natures, divine et humaine dans l’unique personne du Sauveur (…) Mais le sens allégorique concerne aussi, parallèlement à Notre Seigneur, la très Sainte Vierge Marie. Ici encore, la tradition est unanime et la liturgie l’exprime dans les belles antiennes de la fête de la Purification (…) le Buisson qui demeurait intact au milieu du feu représente la Vierge-Mère (…) portant dans ses entrailles, avec toute sa puissance, toute sa beauté, et toute sa grandeur, le Dieu créateur du ciel et de la terre, tandis qu’elle demeurait elle-même soumise aux exigences de sa nature humaine ».

Un peu plus haut, Dom de Monléon nous rapporte que « d’après une tradition universellement admise, c’est sur l’emplacement du Buisson ardent que s’éleva plus tard le célèbre monastère du mont Sinaï » où repose le corps de sainte Catherine d’Alexandrie qui lui a donné son nom. 

« A côté du sarcophage qui le renferme se trouve la chapelle dite du Buisson ardent. C’est un minuscule oratoire étroit et sombre. Avant d’y pénétrer, les pèlerins sont priés de retirer leurs chaussures en souvenir de l’injonction faite jadis à Moïse par Dieu. (…) l’emplacement du buisson est marqué par une plaque d’argent. Le jour ne pénètre que par des meurtrières voilées. L’une d’entre elles est percée en biais (…) une fois l’an, aux environs du 25 mars (fête de l’Annonciation), un rayon de soleil traverse une fissure de la montagne, pénétré par la meurtrière, et vient se poser sur l’emplacement du Buisson ».

Or Il se trouve que cette belle confirmation, par l’Annonciation, du sens allégorique traditionnel du Buisson ardent, annonce de l’Incarnation, rencontre cette année de façon étonnante un autre événement.

Depuis le dixième siècle, lorsque le Vendredi Saint rencontre le 25 mars l’Annonciation, l’Eglise célèbre le Jubilé du grand Pardon de Notre Dame du Puy, nommée aussi « Notre Dame de l’Annonciation », et  plusieurs Papes ont successivement étendu le temps de cette grâce.

Pour des raisons de sécurité conjecturales, il n’est pas possible de se rendre au monastère quoiqu’il soit fortifié, pour contempler le rayon de l’Annonciation éclairant le lieu du Buisson ardent.

Il demeure possible de se rendre au Puy sinon le jour dit, du moins pendant la période accordée, et de préférence lors du pèlerinage de Tradition des 9 et 10 avril, et d’y méditer ces convergences providentielles.

Patrick Malvezin

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