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Cher frère, Chère sœur,
Aimer les âmes ! Tel est le thème de ce
bulletin. Dieu nous aime et ce qu’il y a de plus aimable en l’homme,
n’est-ce pas son âme immortelle, appelée à la vie éternelle. Pour elle
le Verbe s’est fait chair et a souffert la Passion et la mort sur la
Croix.
Aussi les saints, imitant Dieu, ont-ils aimé les
âmes au point de sacrifier leur vie pour les préserver du péché, qu’il
s’agît de l’âme du prochain ou de leur propre âme. Dieu créa l’homme à
son image et ressemblance. Il dit à sainte Catherine de Sienne : « J’appelle
l’âme un ciel, parce que ciel je l’ai faite, un ciel où j’habitais
d’abord par ma grâce, me cachant en son intérieur, et faisant en elle
ma demeure par sentiment d’amour! »[Dialogue, t.1, ch.3, Paris, Lethielleux, 1947, p. 112.].
L’âme régénérée par l’eau du baptême, redevient un « ciel », par
la grâce qui la sanctifie. Comment ne pas aimer toute âme ainsi
habitée par la sainte Trinité car alors c’est Dieu que l’on aime en
elle. Quant à celles qui sont privées de cette présence divine, le zèle
doit nous animer pour obtenir que Dieu vienne habiter en elles,
qu’elles s’ouvrent à la grâce.
Nos deux grandes saintes du Carmel sont un
exemple vivant de charité pour les âmes. Sainte Thérèse de Jésus
exhortait ses sœurs à prier et à se sanctifier pour le salut des âmes
qui se perdaient en grand nombre à la suite de la réforme protestante.«
J’aurais, me semblait-il, donné mille vies pour sauver une seule des âmes qui se perdaient en si grand nombre. […] Je résolus donc […] de
suivre les conseils évangéliques avec toute la perfection dont je
serais capable, et de porter les quelques âmes qui sont ici à faire de
même. »[Chemin de perfection, ch. 1, 2, in Thérèse d’Avila. Œuvres complètes, Paris,Cerf,
2010, p. 699.]. Le zèle de leur salut était également, chez la
sainte de Lisieux, l’objectif constant de sa charité apostolique. « Le
cri de Jésus sur la Croix retentissait aussi continuellement dans mon
cœur : « J’ai soif ! » Ces paroles allumaient en moi une ardeur inconnue
et très vive. […] Je me sentais moi-même dévorée de la soif des âmes. […] Ce
n’était pas encore les âmes de prêtres qui m’attiraient, mais celles
des grands pécheurs, je brûlais du désir de les arracher aux flammes
éternelles… » {Manuscrit A, 46 r°, in Thérèse de Lisieux. Œuvres complètes,
Paris, Cerf, 2010, p. 143.]. Des âmes d’apôtres et de martyrs, des
âmes de prêtres, elle en était préoccupée, car par leur sainteté, elle
voyait d’innombrables âmes sauvées. Par ses prières, ses sacrifices,
ses exemples et ses écrits, elle contribua ainsi à multiplier les
sauveurs d’âmes. « Ne perdons pas notre temps …sauvons les âmes … » [L. 94 , à Céline, in Œuvres complète, op. cit., p. 396.]. « Ah ! Céline, je sens que Jésus nous demande de nous deux, de désaltérer sa soif en lui donnant des âmes, des âmes de prêtres surtout… » [L. 96, ibid.,p. 399.]. Pour venir en aide à toute l’Église, militante et souffrante,
« je résolus de me tenir en esprit au pied de la Croix, pour recevoir
la Divine rosée qui en découlait, comprenant qu’il me faudrait ensuite
la répandre sur les âmes… » [Manuscrit A 46 r°, in Œuvres complètes, op. cit., p. 143.]. Elle avait compris la vocation du missionnaire qui, au pays où il est envoyé, «
vient porter la lumière de l’Évangile et l’aimer comme il convient ;
si bien qu’il ne recherche pas d’avantages matériels, ni les intérêts
de son institut religieux, mais bien ce qui concerne le salut des âmes. »[Pie XII, encyclique Evangelii praecones, 2 juin 1951, passage cité in Cattin, Sources de la vie spirituelle, Éd. St Paul, Fribourg, 1961, t. 2, n° 3466, p.1472.].
Cet amour des âmes se porte non seulement sur
celles qui sont au loin, ou dans le purgatoire, mais aussi et avant
tout sur ceux et celles qui sont proches de nous : Notre-Seigneur
n’a-t-Il pas dit: « Chaque fois que vous l’avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » ? [Mt 25,
40.]. C’est là que l’esprit de foi doit nous animer, afin de ne pas
perdre de vue la présence divine, et de voir en celui qui est proche de
nous, et qui peut-être éprouve notre vertu, Jésus Lui-même, qui vient
nous donner, par l’intermédiaire de notre prochain, une occasion de
prouver notre charité. Ce que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus aime
dans son prochain, c’est l’amour de Jésus pour lui. Elle l’exprime bien
dans sa poésie « Jésus mon Bien-Aimé, rappelle-toi » demandée par sa sœur Céline. [in Œuvres complètes, op. cit., p. 692-701.].
Chers tertiaires, efforçons-nous de vivre ainsi
; nous plairons alors à Dieu et ferons du bien au prochain, l’aidant à
progresser. Que de maladresses parfois, car on agit selon la nature et
non selon la grâce ; ainsi, au nom de la vérité, on manque de charité.
Sainte Thérèse, un jour, avant de reprendre une novice, s’y prépara par
la prière et, après l’avoir disposée à recevoir la remarque, la lui
fit ; celle-ci, alors, porta tout son fruit. Que de conséquences
désastreuses parfois, suite à une parole malheureuse, que l’on a voulu
dire pour reprendre le prochain. Imitons Jésus devant la samaritaine [Jn, ch.4, v.1-40.] et méditons souvent cette belle scène qui révèle la délicatesse du Cœur de Jésus pour les âmes.
En ce saint temps de Noël, que la Mère du divin Sauveur nous obtienne la grâce de nous identifier davantage à Jésus.
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
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