Intelligence artificielle, la nouvelle barbarie (Cédric Sauviat et Marie David)

Cédric Sauviat et Marie David sont ingénieurs diplômés de l’Ecole Polytechnique. Cédric Sauviat, chef d’entreprise, milite depuis plusieurs années pour l’émergence d’un débat sur les conséquences de l’intelligence artificielle et intervient régulièrement dans les médias à ce sujet. Marie David a dirigé plusieurs équipes dédiées au Big Data et à l’Intelligence Artificielle dans le secteur de la banque et de l’assurance.

Ensemble, ils ont rédigé ce livre Intelligence artificielle, la nouvelle barbarie et savent de quoi ils parlent. Leur livre démontre que l’idée d’une complémentarité entre intelligence humaine et intelligence artificielle, d’une “collaboration tout en douceur”, comme on l’entend souvent, est tout à fait irréaliste.

Une nouvelle ère politique semble advenue. Des vertus que l’on a pendant longtemps estimées, comme l’indépendance d’esprit, se muent en tares. Rien ne doit entraver le bon fonctionnement des machines, même s’il faut, pour cela, que nous leur cédions le pas. Pour collaborer avec elles, il ne nous manque peut-être, que de nous soumettre à des thérapies adaptées. Une rééducation morale, en quelque sorte.

Dans un nombre croissant de domaines, le jugement des algorithmes se substitue au jugement humain. On prétexte souvent que la décision rendue par la machine serait plus fiable. Mais cela dissimule un autre phénomène : celui de l’émergence de nouvelles formes de pouvoir, affranchies de toute remise en question par le peuple. C’est d’autant plus inquiétant que même ceux qui les ont conçus sont incapables de comprendre ou d’expliquer comment des algorithmes prennent des décisions.

Aujourd’hui, les algorithmes d’intelligence artificielle sont capables de reconnaissance faciale à grande échelle et en temps réel, sont en mesure d’écrire des articles de journaux de qualité professionnelle, de composer des morceaux de musique, d’analyser des images médicales.

Nous vivons déjà dans une bulle d’intelligence artificielle. De moins en moins de nos contemporains seraient désormais capables de faire des recherches dans une bibliothèque ou de se rendre en voiture dans un endroit inconnu sans GPS. Et combien parviennent à patienter dans une file d’attente ou un transport en commun sans se saisir de leur smartphone ?

Ce livre soulève de nombreuses questions. Que devient le travail quand toutes les tâches sont assistées ? Que devient la société  quand des algorithmes prétendent accomplir des tâches dans le domaine de la justice ? Quand des robots s’occupent des personnes âgées ? Que devenons-nous quand des robots sexuels hyperréalistes sont fabriqués en nombre croissant ? Ou quand nos enfants conversent avec l’enceinte Alexa ou sont élevés en suivant les recommandations trouvées sur YouTube ?

Mais ce livre nous montre aussi la grande hypocrisie  des promoteurs de l’intelligence artificielle qui servirait le bien de tous, mais qui, en réalité, sert surtout à l’enrichissement de quelques-uns, avec le développement d’une position monopolistique de l’économie de plateforme détenue par les Gafam. Avec à la clé l’uberisation du monde du travail.

L’ouvrage évoque également la violence de l’innovation et la grave responsabilité de l’Etat, censé permettre l’accès de ses services à tous. Or, l’Etat a délibérément choisi d’introduire une dictature numérique, excluant des services publics les plus régaliens les citoyens qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas accéder à internet.

Enfin, il est évidemment question ici aussi de la tentation transhumaniste.

Intelligence artificielle : la nouvelle barbarie, Cédric Sauviat, Marie David, éditions du Rocher, 314 pages, 18,90 euros

A commander en ligne sur le site de l’éditeur

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