La fin de la commission Ecclesia Dei, un évènement incalculable

La suppression de la commission pontificale Ecclesia Dei est un évènement considérable dans l’histoire de la Tradition. Le site La Porte Latine explique que cette commission avait pour but de couper l’herbe sous les pieds de la Fraternité Saint Pie X (ce n’est certes pas expliqué avec ces mots). Beaucoup de catholiques restaient attachés à la messe de Saint Pie V soit par sentimentalisme, soit en constatant que la nouvelle messe s’éloignait du sens sacrificiel voulu par Jésus lui-même. Le « faisant mémoire » rappelant plutôt un banquet d’anciens combattants que le renouvellement du Sacrifice de la Croix. Ainsi une sorte de modus vivendi s’était établi entre Rome et les congrégations Ecclesia Dei. Mais de leur part, il fallait absolument éviter les sujets qui fâchent et plus particulièrement les conséquences de Vatican II qui modifiaient par la bande le sens des dogmes, des sacrements et relativisaient la morale. Il s’agissait ainsi par Ecclesia Dei, de marginaliser complètement l’œuvre de Mgr Lefebvre. Mais contre toute attente cette manœuvre permit de constituer un dernier carré de résistance qui ne cessait de grandir. Pendant des années, ce petit reste fut vitupéré et insulté par les médias, et aussi par un certain nombre de tenants d’Ecclesia Dei; encore l’an dernier un écrivain de cette mouvance écrivait un livre où revenait rituellement les mots de « schisme de Mgr Lefebvre. » Cet homme n’a pas compris que si demain la Fraternité Saint Pie X disparaissait, le compte des Ecclesia Dei serait vite réglé.

De fait, le statut donné par le Vatican aux Ecclesia Dei, était une sorte de bouclier de protection qu’il était possible de garder en avalant force couleuvres, aux prix de concessions voire de reniements. Mais l’attachement à Rome restait un sauf-conduit pour « le peuple de Dieu ». C’est ce document dont le pape vient de faire des confettis. Le roi est nu ! Quel va être l’avenir ? Nous allons présenter une sorte de parabole.

À Palma de Majorque, la femme de l’ancien maire de la période franquiste avait fait don d’un appartement très bien situé dans le centre de la ville à la Fraternité Saint Pie X ; celle-ci y assurait très épisodiquement la messe dite par un prêtre venant de Madrid ou de Barcelone. Il y a cinq ans, un Français fidèle de la FSSPX, s’en vint voir plusieurs fois l’évêque de la ville pour lui demander que soit restaurée une messe traditionnelle dans sa cité. Avant de partir en retraite, l’évêque finalement céda et proposa la superbe église du Carmel au milieu de la Rambla, l’équivalent de la Canebière à Marseille. Ce lieu de culte présentait un magnifique retable catalan de 15 mètres de haut. Un prêtre diocésain apprit à dire la messe traditionnelle auprès d’un confrère de la FSSPX. Puis les fidèles furent envoyés dans la chapelle du grand séminaire caractérisé par la hauteur impressionnante de sa nef. Conjointement la messe de Saint Pie V était célébrée une fois par mois dans l’appartement cité plus haut pour une poignée d’inconditionnels de la FSSPX.

Cela valait-il la peine d’entretenir et de payer des impôts pour un local quasiment neuf, mais utilisé deux jours par mois ? La Fraternité décida de vendre cet appartement et fit mettre un panneau « À vendre » (se vende). Que pensez-vous qu’il arriva ? Quelques jours plus tard, l’évêque interdit à son prêtre diocésain de dire la messe traditionnelle. À partir de l’été 2018, il n’y eut plus de messe de Saint Pie V à Majorque.

La leçon de cette histoire est simple : la messe de la Fraternité servait de bouclier à la mouvance Ecclesia Dei. Celui-ci n’existant plus, Ecclesia Dei disparaissait. Rassurons-nous, la FSSPX cherche un nouveau local !

Quel est le sort promis aux communautés Ecclesia Dei ? Pour sauver leur peau, se mettre à encenser François et capituler complètement sur la doctrine ? Courber un peu plus l’échine ? Quand on voit comment ont été brisées les deux communautés des Franciscains et Franciscaines de l’Immaculée (352 religieux), la florissante communauté des Petites sœurs de Marie dans la Mayenne, on peut tout craindre pour les communautés ex-Ecclesia Dei.

Le Vatican serait bien inspiré de s’occuper du réseau MacCarryck plutôt que de manœuvrer pour démembrer les communautés revenant à la Tradition.

Jean-Pierre Dickès

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