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Le cardinal Kasper et les diaconesses
La question posée par le pape François de créer une commission pontificale sur le sujet – si c’en est un… – d’éventuelles diaconesses, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Le cardinal Walter Kasper, le célèbre théologien allemand et proche du pape, dont les vues ont provoqué bien des débats, estime que cette question divise l’Eglise en deux. « Je pense qu’il va y avoir maintenant un débat féroce. Sur ce sujet, l’Eglise est divisée en deux », a-t-il effectivement déclaré vendredi dans un entretien accordé au quotidien italien La Repubblica.
Le débat sur les diaconesses
La question pourtant reste pour l’heure imprécisée. S’agit-il d’envisager l’ordination de femmes « diacres » – diaconesses – ce qui, selon l’enseignement millénaire de l’Eglise, est strictement inenvisageable, non pour une simple question de discipline, mais à la nature même de l’Eglise ? Ou de revenir à certaines pratiques antiques, que le pape assimile au « faire », c’est à dire à certaines fonctions de service, en quoi consistait plus spécialement le diaconat dans les premiers temps de l’Eglise, mais sans lien direct avec l’ordination ?
Le porte-parole du Vatican, le P. Federico Lombardi a tenu à rappeler vendredi que cette commission serait chargée d’examiner le rôle des diaconesses telles qu’elles ont pu exister dans les premiers siècles du christianisme.
« Il faut être honnête : le pape n’a pas dit qu’il avait l’intention d’introduire une ordination diaconale des femmes », a-t-il insisté au micro de Radio Vatican.
Le propos semble clair. Mais il faudrait sans doute veiller alors à user d’un autre mot, afin d’éviter la confusion.
Or cette confusion est savamment entretenue par les uns, bêtement par les autres. Le cardinal Kasper ne saurait (malheureusement ?) être rangé dans cette seconde catégorie. Pourquoi donc s’évertue-t-il à couper, d’une certaine façon, l’herbe sous le pied d’une future commission qui n’est pas même encore constituée, en introduisant une question dont, le porte-parole du Vatican l’affirme, il ne saurait être question.
La confusion du cardinal Kasper
Car Son Eminence s’exprime de façon, lui aussi, très claire. Et provocatrice. Sur cette question délicate dont il n’est officiellement pas question, il répond : « Si on regarde le passé, il semble que la réponse est non. Mais tout est possible. »
Bref, le théologien allemand entretient un flou, un doute sur la question d’un sacerdoce, même minimal pourrait-on dire, pour les femmes. Selon lui, les opposants à un tel diaconat pour les femmes pourront mettre en avant le fait que ce premier pas conduirait inévitablement à l’ordination de femmes prêtres, ce que l’Eglise a toujours considéré comme impossible, du fait du dogme catholique lui-même.
Le diaconat est un premier degré d’ordre religieux, souligne-t-il. « Il est évident que l’accorder aux femmes peut être considéré comme un risque majeur pour tous ceux qui ne veulent pas de femmes prêtres. »
Il fait pourtant mention du rapport de la Commission théologique internationale qui, sous Jean-Paul II, avait, sous la direction du cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait clairement posé les termes d’une telle question.
Incompréhension et trouble
Le cardinal Kasper veut-il donc laisser entendre que ce qui a été établi sous la férule d’un cardinal conservateur pourrait changer sous celle d’un cardinal libéral ? Que deviendrait alors la foi de l’Eglise ?
Et pourquoi s’exprimer contre l’honnêteté évoquée par le porte-parole du Saint-Siège qui affirme qu’il ne saurait être question d’une question d’ordination ?
Le plus inquiétant, en définitive, est que les brebis en viennent à ne plus comprendre (voire à être troublées par) le discours des pasteurs auxquels le Christ a donné de garder son troupeau…
François le Luc
Source : La Porte Latine du 19 mai 2016
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