“Le décorum importe moins que ce que nous avons dans le cœur”

“Le décorum importe moins que ce que nous avons dans le cœur.”

Cette phrase dite lors d’une cérémonie de mariage me fût répétée au cocktail par un ami qui faisait partie de la suite et encensait le prêtre qui l’avait prononcée.

Cette phrase est intéressante et mérite un commentaire. Elle énonce une vérité et cependant constitue un mensonge, pire une calomnie. Le contexte, le sens donné, l’intention cachée peuvent transformer une vérité en mensonge. C’est un procédé courant dans la guerre des mots et des idées.

Ainsi, par exemple le proverbe populaire « l’habit ne fait pas le moine » énonce une vérité de bon sens qu’il n’est pas possible de simplement rejeter. Mais ce proverbe signifie seulement qu’il faut se méfier des apparences, rien de plus. Le citer dans un contexte religieux, lui faire dire que l’habit n’a pas d’importance ni d’effet sur celui qui le porte et s’en servir dans l’intention de faire abandonner tout vêtement ou même signe religieux chez les clercs est un procédé de désinformation et de subversion. C’est, pour le faire disparaître, nier à l’habit son caractère sacré, son caractère distinctif et son lien avec la fonction. Et force sera de constater que lorsque l’habit aura disparu, ce sera souvent le moine qui sera en passe de disparaître à son tour.

La phrase en titre de ce petit texte est de même nature, pire encore par une caractéristique de ces bons mots de combat que l’on ne répète que par naïveté ou malveillance : il contient un terme dévalorisant, dénigrant ou insultant. C’est d’ailleurs ce qui permet souvent de repérer les tentatives de désinformation. Il s’agit ici du mot « décorum ». Appliqué au culte, aux rites, aux cérémonies religieuses, il ravale un trésor de symboles, de beauté et de sacralité à un simple tape-à-l’œil aguicheur. Cela invite à s’en débarrasser pour se consacrer à l’essentiel. Et lorsque le trésor méprisé est jeté, on constate que le bébé est parti avec l’eau du bain. Les cérémonies se résument à des assemblées grises de bisounours, coquilles vides sans sacralité, sans beauté, sans symbolique.

Et les églises de se vider…

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