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« Genitum,non factum. » Tous les dimanches,
nous proclamons avec certitude que le Verbe de Dieu n’a pas été fait,
mais engendré par le Père et consubstantiel à lui. Et le Verbe de Dieu
s’est incarné, c’est Jésus-Christ.
Être engendré, être fait : quelle
différence y a-t-il entre ces deux façons de procéder, pour que
l’Église les distingue ? L’expression de notre foi dans le Credo est
parfaite ; nous ne pouvons donc douter qu’« être engendré » est vraiment différent d’« être fait ».
« Genitum, non factum » :
le Verbe n’a pas été fait, mais engendré. Le Verbe n’est pas seulement
ressemblant avec le Père, mais lui est consubstantiel. Car en engendrant
son Fils, en le concevant, le Père se regarde lui-même, il ne regarde
pas quelqu’un d’autre. En cette même et unique nature divine, le Père
communique toute sa substance au Fils. Et Bossuet de
dire : « Dieu n’aura jamais que ce Fils, car il est parfait, et il ne
peut en avoir deux : un seul et unique enfantement de cette nature
parfaite en épuise toute la fécondité et en attire tout l’amour. C’est
pourquoi le Fils de Dieu s’appelle lui-même l’Unique… par où il
démontre en même temps qu’il est Fils, non par grâce et par adoption,
mais par nature. » L’Aigle de Meaux ajoute très justement : « N’est-il
pas beau de produire un autre soi-même par abondance, par plénitude, par
l’effet d’une inépuisable communication, en un mot par fécondité, et
par la richesse d’une nature heureuse et parfaite ? C’est par une
participation de cette bienheureuse fécondité que l’homme est fécond. »
On le devine mieux en constatant
quelque chose de semblable chez les êtres humains : un père est heureux
de pouvoir engendrer. Son fils est comme un autre lui-même. En
engendrant son fils, il lui donne, lui communique sa propre nature ;
homme, il donne à son fils d’être homme à son tour. Car le père a une
nature humaine, et c’est précisément parce qu’il a une nature qu’un
homme peut la communiquer à un autre, car elle est le principe intime et
fondamental de ce don.
Mais d’où vient la nature ? De
Dieu. Tout simplement. « Au commencement, Dieu créa… » C’est vraiment
le commencement. C’est vraiment le premier livre de la Bible, c’est
vraiment la Genèse.
Ainsi, le Père a engendré le
Verbe, et ne l’a pas fait ; or il en est tout autrement quant à la
création, par Dieu, de l’homme. Cette fois-ci, c’est l’inverse : « Factum, non genitum. » En effet, au commencement, Dieu dit : « Faisons (faciamus)
l’homme à notre image. » Dieu a fait l’homme, il ne l’a pas engendré.
Saint Jean, tous les jours à la fin de la messe, nous le rappelle dans
son Évangile : toutes choses ont été faites par Dieu, le Verbe. Et le
Verbe a été fait chair. Saint Paul est aussi affirmatif ; il écrit aux Galates
: « Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils né d’une
femme. » Pour comprendre la différence entre « faire » et « engendrer »,
prenons une comparaison, celle des œuvres d’un artiste. Léonard de Vinci a peint La Joconde, La Cène, L’Homme de Vitruve,
il a réalisé l’escalier à double révolution du château de Chambord.
Inventeur prolifique, architecte génial, peintre, musicien, on n’en
finit pas de découvrir toutes les œuvres qu’il a faites. Mais
justement, il les a « faites » : aucune de ces œuvres n’est le don, le
prolongement de sa nature personnelle. Toutes ces œuvres faites par
l’art humain (« artificielles ») ne sont jamais que la reproduction,
dans une matière adéquate d’une idée, d’une imagination préalables.
Léonard de Vinci fait des œuvres, il ne les engendre pas. D’ailleurs
Léonard de Vinci, qui intrigue tant, n’a eu aucune descendance ! Il n’y a
pas de petit Léonard ! L’artiste a passé sa vie à « faire », mais il
n’a pas engendré. La différence est manifeste.
Ainsi c’est Dieu qui a fait
l’homme. Dieu a fait l’homme à sa ressemblance, ce der- nier est comme
la reproduction d’une idée divine, mais il n’est pas Dieu. Et de son
côté, l’homme peut communiquer sa propre nature, mais ne peut pas la
faire, la produire.
Quelle est la tentation de l’homme ? Elle est toujours la même, l’orgueil. Nous connaissons le fameux discours de Paul VI
le 7 décembre 1965 au terme du Concile. « La religion du Dieu qui s’est
fait homme s’est rencontrée avec la religion de l’homme qui se fait
Dieu. Qu’est-il arrivé ? »
Eh bien ! qu’est-il arrivé ? Cet
homme « tel qu’il se présente à notre époque », celui qu’a « rencontré »
Paul VI, celui qui fut (reprenons les termes de ce même discours)
l’objet de sa « sympathie sans bornes », c’est celui de la PMA, c’est celui de la GPA.
Que veut-il ? Que l’homme soit une œuvre de son art et non plus le
fruit d’une génération. L’homme veut transformer la nature humaine, il
veut faire des hommes et non pas seulement les engendrer. Est-ce une
autre tentation que la première tentation qui visa jadis Adam et Ève : «
Vous serez comme des dieux ? » Blasphème que cela.
Abbé Benoît de Jorna†, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
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