Sanctoral
Saint Corneille, Pape et Saint Cyprien de Carthage, Martyrs
Ces deux saints étaient primitivement fêtés le 14 septembre, mais en raison de l’importance prise par la fête de l’Exaltation de la Ste Croix, le pape Clément VI (1342-1352) déplaça leur fête au 16 (le 15 étant le jour octave de la fête de la Nativité de la Ste Vierge). Corneille fut martyrisé en 253, Cyprien en 258.
Corneille était romain ; il exerça le souverain pontificat sous les empereurs Gallus et Volusien. Aidé de Lucine, femme d’une très grande sainteté, il enleva des catacombes les corps des Apôtres Pierre et Paul, pour les transférer dans un lieu plus digne d’eux. Lucine plaça le corps de saint Paul dans sa propriété, située sur la voie d’Ostie, tout près de l’endroit où il avait été frappé du glaive. Quant au prince des Apôtres, Corneille déposa son corps non loin du lieu où il avait été crucifié.
Les empereurs ayant appris ces faits par dénonciation, et sachant que, par le zèle du Pontife, beaucoup se convertissaient à la foi chrétienne, ils l’envoyèrent en exil à Civita-Vecchia, où il reçut par lettres les consolations de saint Cyprien, Évêque de Carthage. Comme ils se rendaient fréquemment l’un à l’autre ce devoir de charité chrétienne, les empereurs en prirent ombrage. Ils mandèrent Corneille à Rome, le firent flageller avec des cordes plombées, comme coupable de lèse-majesté, et, l’ayant fait conduire à l’idole de Mars, lui ordonnèrent de sacrifier à ce dieu. Parce qu’il manifestait toute l’horreur que lui inspirait cette impiété, on lui trancha la tête, le dix-huitième jour des calendes d’octobre. La bienheureuse Lucine, aidée par des Clercs, inhuma son corps dans une sablonnière qui lui appartenait, près du cimetière de saint Calixte. Il avait occupé le trône pontifical pendant deux années environ. Cyprien, africain d’origine, enseigna d’abord la rhétorique avec beaucoup d’éclat. Puis, s’étant fait chrétien, à la persuasion de Cécilius, dont il choisit le nom pour l’ajouter au sien, il donna aux pauvres toute sa fortune. Peu de temps après, il fut élevé au sacerdoce, et enfin nommé Évêque de Carthage. Il serait superflu de parler de son génie, puisque ses œuvres sont plus brillantes que le soleil. Il endura le martyre sous le règne de Valérien et de Gallien, dans la huitième persécution, le même jour que Corneille souffrit à Rome, mais non la même année.
Saints Euphémie, Lucie et Géminien, Martyrs
Le culte d’Euphémie, martyre de Constantinople, fut répandu par le concile de 451 qui se tint en sa basilique, fête à Rome au VIIème siècle. Lucie est célébrée le jour anniversaire de la dédicace de la basilique qui lui fut consacrée à Rome par le pape Honorius (625-638).
Euphémie, Lucie et Géminien reçurent la couronne du martyre le même jour, mais non dans le même lieu, durant la persécution de Dioclétien. Ce fut en Chalcédoine, sous le proconsulat de Priscus, que la vierge Euphémie, après avoir supporté avec courage toutes sortes de tourments, les verges, le chevalet, les roues, le feu, fut enfin exposée aux bêtes ; l’une d’entre elles broya de sa morsure le corps de la sainte, et, tandis que les autres lui léchaient les pieds, elle rendit à Dieu son âme pure de toute souillure.
Lucie, veuve romaine, accusée par son fils Eutrope de servir le Christ depuis de longues années, fut plongée dans une chaudière remplie de poix et de plomb en fusion ; elle en sortit saine et sauve. Et tandis qu’elle allait à travers les rues de Rome, chargée de fer et de plomb, elle convertit au Christ Géminien, noble romain, par sa constance dans la foi et dans les tourments ; Géminien prit part à son glorieux martyre, en compagnie d’un grand nombre d’autres qui avaient été convertis à la foi. Il subit plusieurs tortures et eut la tête tranchée. Maxima, femme chrétienne, ensevelit honorablement les corps des Martyrs.
Sainte Édith de Wilton, Vierge, Princesse d´Angleterre
Édith vint au monde en 961. Elle était fille naturelle du roi Edgar. Ce prince l’avait eue d’une dame illustre par sa naissance, qu’il avait enlevée, et qui se nommait Wulfride ou Wilfrith. Sa femme étant morte, il voulut épouser celle qu’il avait déshonorée; mais Wulfride ne voulut point y consentir, et alla même prendre le voile dans le monastère de Wilton, dont elle devint abbesse peu de temps après. Elle voulut se charger elle-même du soin d’élever Édith, sa fille, qui par ainsi fut arrachée à la corruption du monde, avant d’en avoir ressenti les effets. C’est ce qui a fait dire au rédacteur du martyrologe romain, en parlant de notre Sainte, que, «s’étant consacrée à Dieu dès son enfance, elle avait moins quitté le monde qu’elle ne l’avait ignoré»: ignorance infiniment précieuse, et qui est le plus sûr moyen de vivre dans une parfaite innocence.
La jeune princesse profita si bien des exemples et des instructions de sa mère, qu’elle se fit religieuse dans le même monastère. Elle faisait l’office de Marthe à l’égard de toutes les religieuses et des externes, et les fonctions de Marie à l’égard de Notre-Seigneur; car, sans considérer sa naissance, elle s’appliquait aux plus vils ministères de la maison, assistait les malades, et se faisait la servante des étrangers et des pauvres. Elle fonda pour eux, près de son monastère un hôpital pour en entretenir toujours treize. Secourant de ses aumônes et de ses soins ceux qu’elle savait être dans l’indigence, elle cherchait les affligés pour leur donner de la consolation, et aimait mieux converser avec les lépreux, qui sont abandonnés de tout le monde, qu’avec les premiers princes du royaume. Plus les personnes étaient rebutées des autres à cause de leurs infirmités, plus elles étaient bienvenues auprès d’elle; en un mot, Édith était incomparable dans son zèle à rendre service à son prochain. L’abstinence faisait ses plus grandes délices, et elle fuyait autant les viandes délicates que les autres les recherchent avec empressement, joignant à cette mortification celle d’un rude cilice qu’elle portait sur sa chair nue, afin de réprimer de bonne heure les mouvements de la nature. Telle fut la vie de cette jeune princesse jusqu’à l’âge de quinze ans. Le roi informé de tant de belles qualités de sa fille, voulut la faire abbesse de trois monastères; mais elle le remercia, et se contenta de lui proposer pour cela des religieuses que son humilité lui faisait juger beaucoup plus capables qu’elle d’occuper ces places. Elle ne put se résoudre à quitter une maison où elle avait déjà reçu tant de grâces; elle aima mieux obéir que commander, et demeurer sous la conduite de sa mère, que d’être chargée de la conduite des autres. Mais son humilité parut bien davantage lorsqu’elle refusa la couronne d’Angleterre; car après la mort de saint Édouard II que l’Église honore comme un martyr, les seigneurs vinrent la trouver pour lui présenter le sceptre, et employèrent toutes les raisons possibles, et même tentèrent les voies de la violence pour l’obliger de l’accepter. Elle leur résista toujours généreusement, et l’on aurait plutôt transmué les métaux, dit son historien, que de la retirer de son cloître, et de lui faire quitter la résolution qu’elle avait prise d’être toute sa vie dévouée au service de Dieu.
Elle avait fait bâtir une église en l’honneur de saint Denis; elle pria saint Dunstan d’en faire la dédicace. Pendant la solennité de la messe, ce saint prélat eut la révélation que la mort de la jeune princesse, qui n’avait encore que vingt-trois ans, arriverait au bout de quarante jours. Cette nouvelle attendrit son coeur et tira de ses yeux des torrents de larmes: «Hélas!» dit-il à son diacre qui lui demanda le sujet de sa tristesse, «nous perdrons bientôt notre bien-aimée Édith; le monde n’est plus digne de la posséder. Elle a, en peu d’années, acheté la couronne qui lui est préparée dans les cieux. Sa ferveur condamne notre lâcheté; notre vieillesse n’a pu encore mériter cette grâce; elle va jouir des clartés éternelles, et nous demeurons toujours sur la terre dans les ténèbres et les ombres de la mort». S’étant aperçu, durant la cérémonie, que la Sainte faisait souvent le signe de la croix sur le front, il dit aussi par un esprit de prophétie: «Dieu ne permettra pas que ce pouce périsse jamais». L’événement vérifia l’une et l’autre de ces deux prédictions; car, au bout de quarante jours, le 16 septembre 984, elle rendit son âme dans la même église, entre les mains des anges, qui honorèrent son décès de leur présence et d’une mélodie céleste; et ce même pouce, dont elle s’était tant de fois servie pour former sur elle le signe de la croix, fut trouvé treize ans après sa mort sans aucune marque de corruption, quoique tout le reste de son corps fût presque entièrement réduit en cendres. Cette église de Saint-Denis, qu’elle avait souvent visitée et arrosée de ses larmes pendant sa vie, lui servit de sépulture. Trente jours après son décès, elle apparut à sa mère avec un visage serein et tout lumineux, lui disant que le Roi des anges, son cher Époux, l’avait mise dans Sa gloire; que Satan avait fait tout ce qu’il avait pu pour l’empêcher d’y entrer, en l’accusant devant Dieu de plusieurs fautes; mais que, par le secours des saints Apôtres, et par la vertu de la croix de son Sauveur Jésus, elle lui avait écrasé la tête, et, en triomphant de sa malice, l’avait envoyé dans les enfers. Plusieurs miracles ont été opérés par ses mérites. Nous rapporterons seulement l’exemple suivant, qui montre combien pèchent ceux qui usurpent les biens de l’Église.
Un homme s’étant approprié une terre de sainte Édith, tomba tout à coup malade, qu’on le crut mort sans avoir eu le temps de faire pénitence. Mais un peu après, étant revenu à lui, il dit aux assistants: «Ah! mes amis, ayez pitié de moi et secourez-moi par la ferveur de vos prières; l’indignation de sainte Édith contre moi est si grande que, pour me punir de l’usurpation que j’ai faite d’une terre qui lui appartenait, elle chasse mon âme malheureuse du ciel et de la terre. Il faut que je meure, et cependant je ne puis mourir. Je veux réparer mon injustice, et restituer à l’Église le bien que je lui ai ravi». Il n’eut pas plus tôt témoigné cette bonne volonté, qu’il expira paisiblement. On la représente tenant d’une main une bourse, et de l’autre une pièce de monnaie, pour marquer son grand amour pour les pauvres.
Bienheureux Roland de Médicis, Anachorète, Tiers-Ordre Franciscain
Ermite à Borgo san Donnino (appelée Fidenza depuis 1927) en Emilie (Italie), il se nommait Roland de Médicis. En 1386, dans le nord de l’Italie, des chasseurs découvrent un pauvre hère, plus cadavre que vivant, vêtu d’une vieille peau de bique, de coquillages et de feuillage, mourant de faim…
C’était Roland de Médicis qui, trente ans auparavant, avait fait le vœu de se retirer dans la forêt pour vivre dans le plus complet dénuement. Se nourrissant d’herbes et de fruits sauvages. Il passait des heures à méditer, debout sur une seule jambe.
Il raconta qu’il voyait la face de Jésus dans le soleil pendant ses prières. La princesse Pallavicini, avertie de la découverte de cet étrange ermite, députa auprès de lui son confesseur, un carme de Crémone qui le confessa deux heures durant et déclara en sortant qu’il « était pur de tout péché, même par omission » après tant d’années d’errance et de vie solitaire. On prit soin de lui.
On lui fit boire un bouillon de poule qui prolongea sa vie de 26 jours, mais il mourut le 15 septembre en voyant arriver saint Michel avec des anges pour le conduire au paradis. En 1852, le Pape Pie IX lui octroya le titre de bienheureux
Martyrologe
Les saints martyrs Corneille pape et Cyprien, évêque de Carthage, dont il est fait mention le 18 des calendes d’octobre (14 septembre).
En Chalcédoine, l’anniversaire de sainte Euphémie, vierge et martyre. Sous l’empereur Dioclétien et le proconsul Prisque, elle supporta courageusement pour le Christ, les tortures, la prison, les fouets, les supplices de la roue et du feu, le poids des pierres, les bêtes, la flagellation, les scies aiguës, les poêles bouillantes. De nouveau ramenée à l’amphithéâtre pour y être exposée aux bêtes, comme elle priait le Seigneur de recevoir son âme, une de ces bêtes mordit son saint corps, tandis que les autres léchaient ses pieds, et elle remit à Dieu son âme immaculée.
A Rome, les saints martyrs Lucie, noble matrone, et Géminien. Après leur avoir infligé à tous deux les peines les plus affreuses et les avoir longtemps torturés, l’empereur Dioclétien les fit mettre à mort par le glaive: triomphante et glorieuse conclusion de leur martyre.
L’anniversaire de saint Martin Ier, pape et martyr. Ayant assemblé à Rome un concile où il condamna les hérétiques Sergius, Paul et Pyrrhus, il fut saisi par ruse, sur l’ordre de l’empereur hérétique Constant, conduit à Constantinople et relégué dans la Chersonèse; épuisé par les peines qu’il avait endurées pour la foi catholique, il y finit ses jours et devint illustre par ses nombreux miracles. Son corps fut, dans la suite, porté à Rome, et placé dans l’église des saints Silvestre et Martin. Sa fête se célèbre la veille des ides de novembre (12 novembre).
De plus, à Rome, l’anniversaire de sainte Cécile, vierge et martyre. Elle amena son époux Valérien et son beau-frère Tiburce à la foi du Christ et les encouragea au martyre. Après leur supplice, le préfet de la Ville, Almachius, la fit arrêter elle-même, et, dans un célèbre combat où elle surmonta la violence du feu, il la fit périr par le glaive, au temps de l’empereur Marc-Aurèle Sévère Alexandre. Sa fête se célèbre le 10 des calendes de décembre (22 novembre).
A Héraclée, en Thrace, sainte Sébastienne martyre. Convertie à la foi du Christ par le bienheureux Apôtre Paul, et éprouvée de diverses manières sous l’empereur Domitien et le préfet Sergius, elle fut enfin mise à mort par le glaive.
A Rome, sur la voie Flaminienne, les saints martyrs Abonde prêtre et Abondance diacre: l’empereur Dioclétien les fit périr par le glaive, à dix milles de la Ville, avec un illustre personnage nommé Marcien et son fils Jean, que ces deux saints avaient ressuscité.
A Cordoue, en Espagne, les saints martyrs Rogel et Serdieu, qui eurent d’abord les mains et les pieds coupés, et furent ensuite décapités.
A Whiterne (ou Candida casa), en Ecosse, saint Ninian, évêque et confesseur.
En Angleterre, sainte Edith vierge, fille d’Edgar, roi d’Angleterre. Dès ses premières années, elle se consacra à Dieu dans un monastère, et ignora le monde plutôt qu’elle ne le quitta.
Au Mont Cassin, le Bienheureux pape Victor III, successeur de saint Grégoire VII. Il illustra d’un nouvel éclat le siège apostolique et, avec le secours divin, obtint un magnifique triomphe sur les Sarrasins. Le souverain pontife Léon XIII a approuvé et confirmé le culte qu’on lui rendait de temps immémorial.
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