Pour l’honneur de Dieu, pour l’honneur de l’Église : l’appel à la fidélité

Dans ce combat titanesque qui se livre sous nos yeux, la réunion du chapitre général de la FSSPX peut faire figure de point de bascule. Il semble bien qu’aventurée depuis quelques années sur une planche savonneuse, qu’elle semble prendre pour une planche de salut, la Fraternité aurait à cette occasion la possibilité de reprendre contact avec la réalité, celle de la terre, qui selon le mot du Maréchal Pétain (25 juin 1940), elle, ne ment pas. Mais le risque de la voir poursuivre dans la direction fatale parait le plus probable, aussi un Appel à la fidélité a-t-il été lancé, comme une sonnette pour réveiller et assembler toux ceux qui n’entendent pas se laisser conduire aveuglément sous l’autorité romaine qui nous veut tellement de bien, qu’elle ne cherche qu’à détruire tous ceux qui partagent avec nous le refus des erreurs du concile. Essayons d’analyser un peu cet appel.

Quelques chiffres pour commencer

En deux semaines cet appel a réuni près de 200 signatures dans le silence paisible de gens qui pensent faire leur devoir et ne cherchent pas à le clamer sur toute la terre. Ces deux cents en cachent mille qui sont de leur famille, même si tous ne suivent pas leurs parents. On sait statistiquement que pour une personne qui s’exprime, il y en a neuf autres qui pensent la même chose : cela fait deux mille. On peut gloser sur ce chiffre, mais les chiffres ne sont que des chiffres, et il serait aussi dangereux de les mépriser que vain de les vanter. Nous refusons ce culte de la quantité dont on nous abreuve trop souvent et il est bien inutile de pleurer le petit nombre des ordinations quand on ne veut pas en voir la cause.

Que celui qui a peur et qui tremble s’en retourne… il en resta dix mille. Yahveh dit à Gédéon : « Le peuple est encore trop nombreux (…) Tous ceux qui lapèrent l’eau dans leur main, en la portant à la bouche, furent au nombre de trois cents ; tout le reste du peuple s’était mis à genoux pour boire. Et Yahveh dit à Gédéon : « C’est avec ces trois cents hommes qui ont lapé que je vous sauverai et que je livrerai Madian entre tes mains ; que tout le reste du peuple s’en aille chacun chez soi (Livre des Juges VII, 3-7).

Ne jetons pas trop la pierre à ceux qui ne feront pas partie des trois cents, Yahveh les invitera à la poursuite de Madian pour en tuer les rois.

Les signataires

Ils se reconnaissent dans le texte de l’Appel, avec des nuances qu’ils peuvent exprimer dans un court commentaire. Ils ne sont pas encore trois cents, mais en donnant bien souvent leur nom, ils font preuve d’une certaine audace. Que l’on trahisse sur la doctrine ou sur la morale, ils protestent alors publiquement de leur fidélité aux avertissements multiples de Monseigneur Lefebvre : « si même…..nous ne pourrons pas collaborer, c’est impossible ! ». Ils auraient été émus d’entendre Mère Anne-Marie Simoulin répéter plusieurs fois, quelques mois avant sa mort : « Si la congrégation suit la Fraternité dans un accord pratique sans accord doctrinal, je quitte et je refonde ! »

Les non-signataires

On peut facilement deviner que certains membres de la Fraternité se réjouissent des avancées vers une régularisation toujours plus grande, mais sont-ils si nombreux ? Pour beaucoup, les fruits d’une telle disposition ne se sont pas fait attendre, ils ont déjà rejoint une communauté ralliée, ou le font quand l’occasion est propice. Ils ne veulent pas chasser les Madianites, ils veulent se marier avec eux.

D’autres rêvent à l’ouverture d’un apostolat illimité, imaginent déjà un vaste mouvement de retour à la tradition et prennent les désapprobations des folies du Pape François pour les prodromes de ce succès. La leçon des Franciscains de l’Immaculée ne leur suffit pas ?

Mais nombreux sont les inquiets, ils attendent craintivement mais docilement. Alors ils se taisent, ils écoutent les charmeurs de serpents qui dans leurs bulletins les endorment au doux chant de l’obéissance. Ils sont attirés par le légalisme aux accents de paix, ils craignent la poudre et ses dangers. Ils ont été des dix mille, ils ne seront pas des trois cents.

Pourtant d’accord sur le fond, certains n’apprécient pas la forme. Non point celle du texte auquel il leur est loisible d’apporter leur note de douceur, de courtoisie ou de fermeté, mais la forme d’un appel public, une sorte de pétition dont ils condamnent l’usage même comme un procédé révolutionnaire. Ils rejettent la démocratie et la lutte des classes, mais finissent par défendre le cléricalisme et la dictature. C’est dommage, ils oublient sans doute la liberté de s’exprimer aux bons temps de la chrétienté, quand il y avait le droit de remontrance et les cahiers de doléances.

Certains sont tellement déçus par ce que devient la Fraternité qu’ils ne pensent plus possible de l’éclairer de l’intérieur. Ils cherchent ailleurs. Il ne leur en coûte pas beaucoup d’être rejetés par la Fraternité, après avoir été rejetés par les occupants de Rome.

La peur en retient certains, peur de nuire à un proche ou peur des sanctions qui pourraient arriver. Comment ne pas les comprendre quand on sait que la Fraternité a interdit à l’un de ses prêtres de donner le sacrement de pénitence et la communion à un séminariste sous le prétexte qu’il était chez Monseigneur Faure, qu’elle refuse de marier ceux qui n’acceptent pas une juridiction qui les place sous le nouveau code de droit canon avec une inversion des fins du mariage. Sans parler des écoles qui menacent de renvoi les enfants qui recevraient la confirmation de Monseigneur Williamson ou d’un des trois évêques qu’il a consacrés…

N’oublions pas ceux qui signent des quatre mains, prêtres, religieux, religieuses et laïcs, ils signent de tout cœur mais ils ne peuvent le faire matériellement. Cela ne convient pas à leur situation. Ils sont des trois cents, Dieu saura bien les y compter.

Que celui qui est debout prenne garde de tomber ! Une religieuse de la Fraternité trouvait ridicule la crainte d’une de ses sœurs de se réveiller un jour moderniste. Méditons l’exemple du Barroux : une reconnaissance sans aucune contrepartie, la solution idéale ! Cela fait trente ans et les fruits sont clairs, ils ne font pas partie des dix mille ! Oui ma sœur, vous aviez raison, on ne se réveille pas un beau matin moderniste, on s’endort au lieu de combattre, et on ne se réveille plus, comme la grenouille plongée dans l’eau froide portée doucement à ébullition.

Partageons deux réflexions de prêtres qui mériteraient d’être méditées par les « prudents » qui n’osent pas agir :

  • La prudence qui ne se traduit pas en action est imparfaite. La prudence doit être lente à délibérer mais prompte à agir (Somme théologique 2a 2ae q 47),
  • Celui qui reçoit la grâce de comprendre doit agir selon cette grâce, sinon il perd la lumière reçue. Les Juifs avaient la loi, mais quand est venue la Lumière, ils ne l’ont pas reçue…

Un signataire de l’Appel à la fidélité

Christian de la Forest Divonne

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