De la férie : messe du vendredi de la quatrième semaine de Carême
La Station est à l’Église de saint Eusèbe, prêtre de Rome, qui souffrit pour la foi dans la persécution des Ariens, sous l’empereur Constance. C’est encore une mère aujourd’hui qui vient, en pleurs, solliciter la résurrection de son fils. Cette mère est la veuve de Sarepta, que nous connaissons déjà comme la figure de l’Église des Gentils. Elle a péché autrefois, elle été idolâtre, et le souvenir de son passé l’inquiète ; mais le Seigneur, qui l’a purifiée et l’a appelée à l’honneur d’être son Épouse, la rassure en rendant son fils à la vie. La charité d’Élie est l’image de celle du Fils de Dieu. Voyez comment ce grand prophète s’étend sur le corps de l’enfant, comment il se fait petit à sa mesure, ainsi que nous avons vu faire à Élisée. Reconnaissons encore ici le divin mystère de l’Incarnation. Par trois fois le prophète touche le cadavre ; et aussi par trois fois nos Catéchumènes seront plongés dans la piscine baptismale, avec l’invocation des trois personnes de l’adorable Trinité. Dans la nuit solennelle de la Pâque, Jésus aussi dira à l’Église son épouse : « Voici tes fils qui vivent maintenant » ; et l’Église, transportée de joie, sentira toujours plus la vérité des promesses du Seigneur.
Les païens eux-mêmes la sentirent à leur manière, cette vérité, lorsque, voyant les mœurs de ce peuple nouveau qui sortait régénéré des eaux du Baptême, ils reconnurent que la divinité pouvait seule être le principe d’une si haute vertu dans des hommes. Au sein de l’empire romain en proie à toutes les corruptions, une race pure et toute céleste apparut soudain, et les fils de cette race si sainte étaient encore la veille mêlés à toutes les dépravations païennes. Où avaient-ils puisé cette vertu sublime ? dans la doctrine de Jésus, et dans les remèdes surnaturels qu’elle applique à la dégradation de l’homme. On vit alors les infidèles accourir en foule, bravant l’épreuve du martyre, et l’Église dilater son sein, pour accueillir ces générations qui lui disaient avec amour : « Nous reconnaissons que vous êtes de Dieu, et que la parole du Seigneur est dans votre bouche. »
Parcourons avec espérance cet admirable récit qui nous raconte ce que Jésus opère dans les âmes ; rappelons-nous ce qu’il a fait en faveur de la nôtre, et conjurons-le d’avoir enfin pitié de nos Pénitents, qui, en si grand nombre, par toute la terre, se disposent à recevoir ce pardon qui doit leur rendre la vie. Aujourd’hui ce n’est plus une mère qui demande la résurrection de son fils ; ce sont deux sœurs qui implorent cette grâce pour un frère chéri ; l’Église, par cet exemple, nous engage à prier pour nos frères. Mais suivons la sublime narration de notre Évangile. Lazare a d’abord été malade et languissant ; enfin il est mort. Le pécheur commence par se laisser aller à la tiédeur, à l’indifférence, et bientôt il reçoit la blessure mortelle. Jésus n’a pas voulu guérir l’infirmité de Lazare ; pour rendre ses ennemis inexcusables, il veut opérer un prodige éclatant aux portes même de Jérusalem. Il veut prouver qu’il est le maître de la vie à ceux-là même qui, dans quelques jours, seront scandalisés de sa mort. Au sens moral, Dieu juge quelquefois à propos, dans sa sagesse, d’abandonner à elle-même une âme ingrate, bien qu’il prévoie qu’elle tombera dans le péché. Il la relèvera plus tard ; et la confusion qu’elle ressentira de sa chute servira à la maintenir dans l’humilité qui l’eût préservée. Les deux sœurs, Marthe et Marie, apparaissent ici avec leurs caractères si tranchés ; toutes deux éplorées, toutes deux unanimes dans leur confiance. A Marthe, Jésus annonce qu’il est lui-même la Résurrection et la Vie, et que celui qui croit en lui ne mourra point de cette mort qui est la seule à craindre ; mais quand il voit les pleurs de Marie, de celle dont il connaissait tout l’amour, il frémit, il se trouble.
La mort, châtiment du péché de l’homme, source de tant de larmes, émeut son cœur divin. Arrivé en face du tombeau qui recèle le corps de Lazare son ami, il verse des pleurs : sanctifiant ainsi les larmes que l’affection chrétienne nous arrache sur la tombe de ceux qui nous furent chers. Mais le moment est venu de lever la pierre, d’étaler au grand jour l’affreux triomphe de la mort. Lazare est là depuis quatre jours : c’est le pécheur envieilli dans son péché. N’importe : Jésus ne repousse pas ce spectacle. D’une voix qui commande a toute créature et qui épouvante l’enfer, il crie : Lazare, sors dehors ! et le cadavre s’élance hors du sépulcre. Le mort a entendu la voix ; mais ses membres sont encore enchaînés, son visage est voilé ; il ne peut agir ; la lumière n’a pas lui encore à ses yeux. Jésus commande qu’on le délie ; et par son ordre, des mains humaines rendent aux membres de Lazare la liberté, à ses yeux la vue du soleil. C’est jusqu’à la fin l’histoire du pécheur réconcilié. La voix seule de Jésus pouvait l’appeler à la conversion, émouvoir son cœur, l’amener à confesser son péché ; mais Jésus réserve à la main de ses prêtres de le délier, de l’éclairer, de lui rendre le mouvement. Grâces immortelles au Sauveur qui, par ce prodige opère dans les jours mêmes où nous sommes, mit le comble à la fureur de ses ennemis, et se dévoua par ce dernier bienfait à toute la rage qu’ils avaient conçue contre lui.
Désormais il ne s’éloignera plus de Jérusalem ; Béthanie, où il vient d’accomplir le miracle, n’en est qu’à quelques pas. Dans neuf jours, la ville infidèle verra le triomphe pacifique du fils de David ; il retournera ensuite chez ses amis de Béthanie ; mais bientôt il rentrera dans la ville pour y consommer le sacrifice dont les mérites infinis sont le principe de la résurrection du pécheur. Cet espoir consolant porta les premiers chrétiens à multiplier sur les peintures des Catacombes l’image de Lazare rappelé à la vie ; et ce type de la réconciliation de l’âme pécheresse, sculpté pareillement sur le marbre des sarcophages des IVe et Ve siècles, se reproduisit jusque sur les verrières de nos cathédrales. L’ancienne France honorait ce symbole de la résurrection spirituelle par une pieuse coutume qui s’est conservée dans l’insigne abbaye de la Trinité de Vendôme, jusqu’au renversement de nos institutions catholiques. Chaque année, en ce jour, un criminel condamné par la justice humaine était amené à l’Église Abbatiale. Il avait la corde au cou et tenait à la main une torche du poids de trente-trois livres, en mémoire des années du divin Libérateur. Les moines faisaient une procession à laquelle le criminel assistait humblement, ainsi qu’au sermon qui la suivait. On le conduisait ensuite au pied de l’autel, où l’Abbé, après une exhortation, lui enjoignait pour pénitence le pèlerinage de Saint-Martin de Tours. Il lui ôtait ensuite du cou la corde qu’il avait portée jusqu’à ce moment, et il le déclarait libre. Cet usage liturgique, si chrétien et si touchant, remontait à Louis de Bourbon, comte de Vendôme, qui, en 1426, durant sa captivité en Angleterre, avait fait le vœu, si Dieu lui rendait la liberté, d’établir dans l’Église de la Trinité, comme monument de sa reconnaissance, cet hommage annuel au Christ qui délivra Lazare du tombeau. Le Ciel agréant la piété du prince, celui-ci ne tarda pas à recevoir la grâce qu’il implorait avec tant de foi.
Sanctoral
Sainte Louise de Marillac, Veuve
Louise de Marillac perdit sa mère dès sa première enfance et son père à l’âge de treize ans. Son attrait pour la piété et la pénitence la portait vers la vie cloîtrée des Clarisses. Mais la faiblesse de sa santé la retint dans le monde. Son isolement et les instances de sa famille l’engagèrent dans les liens du mariage. Devenue veuve au bout de quelques années, elle put enfin suivre entièrement les aspirations à la vie d’oraison, d’austérité, et de dévouement qui ne l’avaient jamais quittée. Sous la direction de saint Vincent de Paul, elle fut chargée d’abord de visiter, d’activer et de multiplier les Confréries de Charité qu’il avait établies à Paris et aux alentours. Mais l’action passagère de ces Confréries ne suffisait pas à guérir des misères continuelles. Louise de Marillac, de concert avec son sage et zélé directeur, s’adjoignit donc quelques filles dévouées qui se consacrèrent entièrement au service des pauvres et des malades, ainsi qu’à l’instruction chrétienne de l’enfance. C’était le grain de sénevé qui deviendrait un grand arbre, sous le nom de Compagnie des Filles de la Charité, et qui étendrait ses rameaux sur toutes les misères humaines. Aussi le saint directeur disait-il un jour à Louise de Marillac et à ses filles: “Courage, mes filles, si vous êtes fidèles à Dieu, Il vous fera la grâce de faire de grandes choses dont on n’a jamais ouï parler. Ne le voyez-vous pas déjà
Avait-on jamais entendu dire que des filles allassent servir de pauvres criminels? Avait-on vu des filles se donner au service des pauvres enfants abandonnés? A-t-on jamais ouï dire que des filles se soient données à Dieu pour servir des fous…? Avez-vous jamais ouï dire, écrivait-il un autre jour à Louise de Marillac, que des filles aient été aux armées pour soigner les blessés?” Toutes ces oeuvres extérieures de charité, inouïes jusqu’alors, ne pouvaient procéder que d’une intense charité intérieure, comme cette charité elle-même ne pouvait naître que d’une foi extraordinairement vive chez Louise de Marillac. C’est là, en effet, ce qui soutenait ses forces corporelles, toujours chancelantes. Aussi le Pape Pie XI déclarait-il, en proclamant les miracles de notre sainte, que les plus grands de tous étaient ceux de sa vie, de ses oeuvres, et de sa postérité, composée de quarante mille religieuses.
Saint Clément-Marie Hofbauer, l’apôtre de Vienne (1751-1820), rédemptoriste
Clément-Marie Hofbauer est né le 26 décembre 1751 à Tasswitz en Moravie et dut le jour à de très pieux et simples parents. Son père, un boucher était tchèque, sa mère était allemande. Après la mort prématurée de son père, la mère conduisit Clément-Marie devant un crucifix et lui dit: “Le Sauveur est maintenant ton père! Prends soin de marcher sur le chemin qui Lui agrée!” Apprenti boulanger, serviteur de couvent et étudiant, il s’efforçait sans cesse de se rapprocher de son grand but: être prêtre. Au cours d’un pèlerinage à Rome, il fit la connaissance des Rédemptoristes et entra dans cet Ordre. En 1785, le Saint fut ordonné prêtre, et après deux ans d’études supplémentaires, comme il était impossible sous le régime du joséphisme de fonder un couvent à Vienne, il alla à Varsovie, où il s’occupa très activement de l’Église nationale allemande de Saint-Benno de 1787 à 1808, surtout comme confesseur allemand. Dans cette église, on prêchait une sorte de Mission perpétuelle. Tous les jours on y prêchait deux fois en allemand et deux fois en polonais. Il considérait l’incertitude religieuse, si largement répandue, comme l’obstacle le plus redoutable au renouvellement intérieur. C’est pourquoi il était infatigable quand il s’agissait de prêcher la parole de Dieu. Des collaborateurs s’empressaient de venir à lui, et avec eux, il put fonder de nouveaux établissements de son Ordre et multiplier son activité missionnaire.
Hofbauer, le propagateur de l’Ordre du Très Saint Rédempteur de ce côté des Alpes, est vénéré par l’Ordre comme son second fondateur. De nombreuses guerres avaient amené à Varsovie la pauvreté et la misère de la population. Le Saint déploya une grande activité charitable, fonda un orphelinat, une école populaire pour 350 enfants pauvres, un lycée. Sur l’ordre du gouvernement de Paris, il fut conduit avec ses compagnons à la forteresse de Küstrin, en 1808, et transféré à Vienne après quatre semaines de détention. Là, ce n’étaient pas seulement des gens du peuple qui assiégeaient son confessionnal — car ils le vénéraient comme le père des pauvres — mais des fonctionnaires influents et des hommes d’État du Congrès de Vienne, des savants connus et des artistes. C’est avant tout l’influence de Hofbauer qui fit échouer au Congrès le projet d’une église nationale allemande détachée de Rome, proposée par Wessenberg, et qui fit rapporter la législation du joséphisme. Le Saint mourut à Vienne le 15 mars 1820.
Martyrologe
A Césarée de Cappadoce, la passion de saint Longin, soldat, que l’on croit être celui qui perça de sa lance le côté du Seigneur.
Le même jour, l’anniversaire de saint Aristobule, disciple des apôtres, qui, ayant achevé le cours de sa prédication, consomma son martyre.
Dans l’Hellespont, saint Ménigne foulon, qui souffrit sous l’empereur Dèce.
En Egypte, saint Nicandre martyr. Pendant qu’il recherchait avec soin les restes des saints martyrs, il mérita lui-même d’être martyrisé, sous l’empereur Dioclétien.
A Cordoue, en Espagne, sainte Léocritie, vierge et martyre. Pour la foi du Christ, durant la persécution arabe, elle fut soumise à divers tourments, et décapitée.
A Thessalonique, sainte Matrone. Servante d’une femme juive, elle adorait le Christ en secret, se dérobant pour aller faire chaque jour la prière à l’église. Elle fut surprise par sa maitresse, qui lui infligea de multiples tourments, et finalement lui donna de si rudes coups de bâton qu’elle rendit à Dieu son âme innocente, en confessant le Christ.
A Riéti, saint Probe évêque, que les martyrs Juvénal et Eleuthère assistèrent au moment de sa mort.
A Vienne, en Autriche, saint Clément Marie Hofbauer, prêtre profès de la Congrégation du très saint Rédempteur. Il se rendit célèbre par ses nombreux travaux pour la gloire de Dieu, le salut des âmes et l’expansion de sa congrégation. Illustre par ses vertus et ses miracles, il a été inscrit ou nombre des saints par le Souverain Pontife Pie X.
A Capoue, saint Spécieux moine. Comme l’a écrit le bienheureux pape Grégoire, le frère de Spécieux vit son âme portée au ciel.
A Paris, sainte Louise de Marillac, veuve Le Gras, fondatrice, avec saint Vincent de Paul, de la Société des Filles de la Charité. Animée d’un très grand dévouement pour le soulagement des indigents, elle a été inscrite sur la liste des Saintes par le pape Pie XI.
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